Le vignoble du Pays nantais occupe principalement la rive sud de la Loire, depuis l’estuaire jusqu’à Ancenis, ainsi que le début de la vallée de son affluent la Sèvre nantaise. S’il est principalement situé dans le département de la Loire-Atlantique, il fait quelques incursions en Vendée et Maine-et-Loire.
Les vignobles s’étalent sur des pentes légères, à basse altitude, ne dépassant jamais 60 mètres. Plus au sud de la Vendée, autour de La Roche-sur-Yon et jusqu’à la limite du marais poitevin, on retrouve également la vigne, dont la production est reconnue depuis 2010 par l’AOC Fiefs Vendéens.
Ce territoire couvre aujourd’hui plus de 15 000 hectares de vignes (dont moins de 500 hectares en Vendée), pour une production de près de 850 000 hectolitres par an, presque exclusivement dédiée aux vins blancs secs.
Toute proche de la façade atlantique, la vigne bénéficie ici d’un climat océanique tempéré, assez doux et humide. Les gelées printanières ne sont pas exclues mais elles sont rarement très prononcées. Plus on descend au sud, vers les Fiefs Vendéens, plus l’ensoleillement est élevé.
Dans le prolongement du Massif armoricain, le sous-sol est essentiellement composé de roche métamorphique, granitique ou schisteuse, laissant la place à des sols bruns acides et peu profonds, particulièrement propices à l’élaboration de vins blancs.
Au total, on trouve 7 appellations d’origine produisant des vins blancs secs, et parfois moelleux (Coteaux d’Ancenis, et plus rarement Fiefs Vendéens) :
- Muscadet
- Muscadet-Sèvre-et-Maine
- Muscadet-Coteaux de la Loire
- Muscadet-Cotes de Grandlieu
- Gros Plant du Pays nantais
- Coteaux d’Ancenis
- Fiefs Vendéens.
Les cépages melon de bourgogne (ou muscadet) et gros plant (ou folle blanche) dominent la production du Pays nantais. Implantés depuis plusieurs siècles – on raconte que Louis XIV ordonna lui-même l’implantation du melon de Bourgogne, connu pour sa résistance aux grands froids, après le terrible hiver de 1709 –, ils sont bien adaptés au climat humide de la région, car de maturité précoce, ainsi qu’aux sols sablonneux et riches en minéraux du Pays nantais.
Leur rendement élevé permet aujourd’hui de produire des vins blancs secs à des prix très attractifs, de couleur pâle, souvent vifs (marqués par une acidité revigorante), aux arômes fruités relativement discrets pour le muscadet, plus marqués pour le gros-plant.
Plus au sud en Vendée, l’ensoleillement plus important et les sols schisteux ou calcaires ont permis d’implanter d’autres cépages, parfois même dans des marais salants, et de produire des vins d’assemblage. S’y côtoient chenin, sauvignon, chardonnay, et parfois du pinot gris (appelé ici malvoisie) ou du grolleau gris. Ces vins, plus confidentiels, tirant leurs noms « Fiefs » des différentes abbayes auxquelles ils étaient rattachés, peuvent exprimer une belle minéralité et présentent une longueur en bouche qui en surprendra plus d’un.
Globalement, les vins du Pays nantais s’adaptent parfaitement à un élevage relativement court et à une consommation dans leur prime jeunesse.
Depuis la fin des années 1980, plusieurs vignerons ont entrepris de réduire significativement leurs rendements et d’expérimenter de nouvelles techniques de vinificationpour amener plus d’arômes et de complexité dans le vin, comme l’utilisation de barriques en chêne pour la cuvaison et la fermentation sur lie. Et les années 1990 voient l’introduction la macération avant la fermentation.
Ces efforts conjugués à l’allongement du temps d’élevage ont contribué à faire émerger depuis cette période des vins très intéressants à la garde, voire des vins de gastronomie. On les trouve principalement dans les appellations Sèvre-et-Maine, et plus rarement Fiefs Vendéens.
L’élevage sur lie, s’il n’est bien sûr pas spécifique aux vins du Pays nantais, est très pratiqué dans le Muscadet où il fait désormais l’objet d’un cahier des charges précis. Les lies désignent les résidus (levures, bactéries, résidus organiques) persistants après les fermentations alcoolique et malolactique. Elles ont la particularité de continuer à absorber tout oxygène susceptible de perturber l’élevage. D’abord en suspension dans le vin, elles se sédimentent peu à peu au fond des cuves ou des fûts.
La méthode utilisée pour les muscadets et certains gros-plants consiste donc à laisser le vin sur ses lies, du moins les plus fines, pendant tout l’hiver et jusqu’à la mise en bouteille, qui ne pourra avoir lieu avant la fin du mois de mars suivant la récolte ni après fin juin. Le vin, n’ayant été ni soutiré ni remué jusqu’à la mise en bouteille, aura ainsi conservé toute sa fraîcheur ainsi que de faibles quantités de gaz carbonique. Ce dernier donne alors au vin son attaque très légèrement effervescente grâce aux « perles » (de très fines bulles) et renforce son caractère fruité.
Les vins blancs secs du Pays nantais sont aujourd’hui les vins blancs les plus consommés par les Français. Leur légèreté, leur fraîcheur fruitée rendent leur dégustation particulièrement répandue les mois d’été, en apéritif ou pour accompagner huîtres ou plateau de fruits de mer.