La Roussanne serait originaire de la région de Montélimar, voire un peu plus au nord. On retrouve également les traces d’une culture ancienne de ce cépage dans la vallée de l’Isère ainsi qu’en Savoie.
Fragile, très sujette aux attaques d’oïdium, tributaire d’un bon ensoleillement automnal pour atteindre sa maturité, la roussanne a été progressivement abandonnée dans la vallée du Rhône à l’ère de la production de masse, dans la première moitié du 20e siècle. Il a fallu attendre les années 1980 et le sursaut qualitatif des vignerons rhodaniens pour qu’elle retrouve une place de choix, grâce à sa finesse et ses qualités aromatiques.
Depuis 30 ans environ, la roussanne a été disséminée autour de son point d’ancrage d’origine, vers le sud, le pays des Côtes-du-Rhône méridionaux et en particulier leur capitale, Châteauneuf-du-Pape, où c’est un des 5 cépages blancs autorisés par l’AOC pour les assemblages.
Sa culture s’est également développée sur les sols caillouteux du Languedoc et du Roussillon, et désormais, en Provence. Vers le nord et les côtes-du-Rhône septentrionales et en particulier dans l’appellation Saint-Joseph où les blancs en contiennent une proportion de plus en plus forte au détriment de la marsanne.
Vers l’est, on la trouve en Savoie où ce cépage prend le nom de Bergeron ou de Barbin, et en Isère sous le nom de Fromenteau.
Au-delà de nos frontières, on la rencontre en Suisse, particulièrement dans la région du Valais où elle fut introduite au dix- neuvième siècle. Enfin on en trouve en Italie et, à l’autre bout du monde, en Australie.
Grappes de forme plutôt cylindrique, raisins de petite taille, feuilles fines et recouvertes d’un fin duvet en début de cycle qui s’épaississent vers la fin du printemps. Floraison usuellement début juin pour une maturité relativement tardive. Vers la fin du cycle végétatif de la vigne, les raisins de roussanne acquièrent une couleur dorée tirant vers le vieil or, avec comme des tâches de rousseur, d’où l’origine du nom.
Elle s’adapte idéalement à des sols pauvres, pierreux, plutôt argilo- calcaires. Elle apprécie le soleil et les belles expositions sud, sud-est, mais en même temps elle craint la sécheresse.
Ce qui frappe dans la dégustation d’une roussanne pure, c’est la sophistication et la finesse des arômes d’iris et d’aubépine, de chèvrefeuille, de miel, de fruits exotiques, d’abricots et de poire. Elle apporte également au vin du gras et de la puissance. De plus, les arômes d’élevage (toastés, grillés) se fondent particulièrement bien dans son bouquet. Au final, elle est tout aussi intéressante dans un vin jeune que dans une bouteille qui a évolué 7 ou 8 ans.
Saint-Joseph, de plus en plus, Chignin-Bergeron. Très peu ou trop peu à Crozes-Hermitage, Hermitage et Saint-Péray où la roussanne est très minoritaire par rapport à la marsanne, les côtes-du-Rhône et les Côtes- du-Rhône village où elle est en progression, de même que dans les Côtes-du-Roussillon et le Languedoc en général, ainsi que les Côtes du Lubéron.
La Roussanne appelle des produits nobles et sophistiqués, comme les merveilleux poissons d’eau douce que l’on trouve dans ses terroirs de prédilection (sandre, omble chevalier,…). Sa puissance autorise un mariage avec des épices douces et des cuisines plus orientales (tajine à l’abricot sec, curry madras, plats à base de lait de coco)…