Plus connu pour sa montagne calcaire et ses magnifiques villages perchés, le parc naturel du Lubéron abrite un vignoble de plus de 3 000 hectares, classé en AOC depuis 1988. Déjà réputé sous la papauté d’Avignon, ce vignoble bordé par le Calavon au nord et la Durance au sud connut par la suite des fortunes diverses. Ce n’est qu’après la crise phylloxérique de la fin du XIXe siècle, et surtout dans la seconde moitié du XXe qu’il connut un nouvel essor et une phase de modernisation aboutissant à son classement.
Ce vignoble d’altitude, situé entre 250 et 500 mètres, occupe les deux versants de la montagne, à l’exception de la combe de Lourmarin qui sépare le Grand du Petit Lubéron. Le terroir est varié : sables du Miocène, mêlés à des argiles et des cailloutis calcaires au sud-est, dans le pays d’Aigues (berceau historique du vignoble local), sols d’éboulis au pied du massif, argiles rouges et sols caillouteux du côté d’Apt. Cette zone méridionale est au carrefour de la vallée du Rhône et des hauts plateaux provençaux ; ni tout à fait continental, ni tout à fait méditerranéen, le climat se caractérise par un bon ensoleillement et de fortes amplitudes thermiques (présence montagneuse, surtout à l’est), tout à fait favorables à l’élaboration de vins blancs frais et élégants.
Contrairement à l’AOC Ventoux, ici, le vin blanc n’est pas si rare puisqu’il représente 20 % de la production totale (en trois couleurs). Il y est aussi très varié puisque pas moins de 6 cépages peuvent y être utilisés à titre principal : bourboulenc, clairette, grenache blanc, marsanne, roussanne et vermentino (localement dénommé rolle). Sans oublier l’ugni blanc à titre accessoire…
De ces assemblages complexes naissent des vins complexes et subtils. Les notes florales de chèvrefeuille ou de tilleul cohabitent avec un bouquet fruité assez varié (du pamplemousse à la pêche ou l’abricot). L’élevage en fût développe en outre des notes miellées, grillées ou légèrement anisées. En bouche, les lubérons blancs restent vifs et frais, malgré une matière assez charnue. Bien que souvent dégustés jeunes, leur trame acide autorise une garde de 2 à 4 ans. Leur subtilité permet des accords gourmands diversifiés : bar ou daurade au fenouil, saumon mariné à l’aneth, carpaccio de saint-jacques ou de couteaux, cuisine exotique à la citronnelle ou au combava, soupe au pistou, caillé de brebis ou chèvre frais…