Cette appellation reconnue dès 1945 est unique dans la vallée du Rhône : exclusivement consacrée à la production de vins doux naturels, principalement blancs, elle est la terre d’élection pour le muscat à petit grain (blanc ou rouge).
Si dès le début de notre ère Pline l’Ancien mentionne l’existence du muscat, vin « fruité et gouleyant », on doit l’installation des premières « muscadières » sur les coteaux pentus de Beaumes-de-Venise au pape Clément V, au XIVe siècle. Cette tradition fut pourtant oubliée à partir de la Renaissance et durant plusieurs siècles. Ce n’est qu’après la crise phylloxérique qu’au début du XXe siècle, une poignée de vignerons décidèrent de réimplanter le muscat sur les restanques du versant sud des Dentelles de Montmirail.
L’appellation compte aujourd’hui 470 hectares de vignes, pour une production moyenne de l’ordre de 10 000 hectolitres par an : les rendements pour ce vin doux naturel sont très faibles, de l’ordre de 25 hectolitres par hectare.
Le vignoble, à cheval sur les communes de Beaumes-de-Venise et d’Aubignan, s’étend, à une altitude moyenne de 300 mètres, sur des coteaux formés de sols de marnes sableuses au sud et de calcaires dégradés et argileux plus au nord. Le climat méditerranéen domine ici et les Dentelles de Montmirail protègent les vignes des ardeurs du mistral : celles-ci, exposées au sud, profitent pleinement de la chaleur estivale pour donner au muscat une concentration maximale.
Les vins blancs doux sont élaborés par mutage, qui consiste à interrompre la fermentation par ajout d’alcool, afin de conserver une teneur élevée de sucres résiduels (plus de 252 grammes par litre dans l’AOC). Le muscat de Beaumes-de-Venise tient sa réputation de sa puissance aromatique hors du commun. Les notes de fruits blancs et jaunes sont nettes et expressives (abricot, pêche, mirabelle) et accompagnées d’arômes floraux (rose, églantine) et de notes d’agrumes (pamplemousse) et de fruits exotiques (ananas, mangue). La bouche est très onctueuse, généreuse et très longue. La finale reste fraîche, sur des notes de fruits confits.
Souvent dégusté jeune et bien frais (6 à 7 °C) en apéritif ou en dessert – il est idéal pour accompagner des sorbets au citron vert ou aux fruits exotiques, une tarte à l’abricot ou un sabayon aux fruits rouges –, le muscat de Beaumes-de-Venise s’accorde également avec le foie gras et les plats aux saveurs exotiques ou délicatement sucrées-salées (canard à l’orange, poulet au citron confit, crevettes sauce aigre-douce…). Avant le dessert, on peut le marier à un fromage persillé d’Auvergne.