À cheval sur les communes drômoises de Tain-l’Hermitage, Crozes-Hermitage et Larnage, cette appellation de 140 hectares produit en rouge (trois quarts de la production) comme en blanc (un quart) des vins qui comptent parmi les plus prestigieux de toute la vallée du Rhône.
Vignoble historique, qui donnait des vins déjà fort appréciés à l’époque romaine sous le nom de « vins de Vienne », l’Hermitage (ou Ermitage) doit son nom au chevalier Gaspard de Stérimberg qui, au XIIIe siècle, aurait choisi de se retirer du monde et de s’installer au sommet de cet éperon granitique, au retour de la croisade des Albigeois.
Le succès des vins produits sur la colline de l’Hermitage ne s’est jamais démenti depuis la Renaissance, où ils ont fait les joies des Cours des rois de France ou des tsars de Russie. Comme pour les grands terroirs bourguignons, le vignoble, presque entièrement cultivé en terrasses, se divise en plusieurs parcelles appelées ici « quartiers ». Chacune bénéficie d’une exposition et d’une qualité des sols qui donnent au vin parcellaire sa typicité. Si les célèbres quartiers des Bessards et de L’Ermite, à l’ouest de la zone, sont célébrés pour leurs grands rouges, les meilleurs blancs sont souvent issus des Rocoules, des Murets et des Dionniers, plus à l’est.
Globalement, le vignoble de l’Hermitage occupe un terroir d’arènes granitiques. S’y mêlent cependant, dans la partie centrale et haute, des lœss (sables calcaires) souvent recouverts de galets roulés. Enfin la partie orientale du vignoble s’appuie sur un sol plus argileux. Les vignes exposées au sud ou à l’est, protégées des vents du nord, bénéficient des influences méditerranéennes et de la garantie d’un très bel ensoleillement.
Au final, l’AOC produit à partir de la marsanne et de la roussanne de grands vins blancs, à la robe jaune doré et d’une rare onctuosité. Laissant percevoir de délicates notes florales (tilleul, iris, aubépine), le nez généreux développe des arômes de citron, de pêche, d’abricot, puis, après aération, des notes plus crémeuses de miel, de lait d’amande ou de noisette fraîche. La bouche est dense et onctueuse, l’acidité parfaitement intégrée à une matière ronde et gourmande. La finale est souvent marquée par des notes d’épices douces (cannelle, vanille…).
Ces grands vins de garde (10 ans et plus) sont aussi des grands vins de gastronomie. Un hermitage s’accommode parfaitement de poissons nobles à chair ferme, bruts, comme un bar de ligne en croûte de sel, ou en sauce, comme une lotte en curry de coco. Sa rondeur et sa finesse aromatique autorisent des accords avec des mets très parfumés, tels un risotto à la truffe blanche ou une poularde demi-deuil.
À noter que l’AOC Hermitage produit, dans les meilleurs millésimes et de façon très confidentielle, quelques flacons de vin de paille, extraordinaire liquoreux aux arômes de miel et de fruits confits, obtenu après passerillage et long élevage en fût des baies cueillies à surmaturation.