Le Gewurztraminer, que l’on peut traduire de l’allemand par « traminer épicé », est issu de la famille des savagnins, et plus précisément du savagnin rose. Il en constitue une mutation (issue d’une longue démarche de sélection) particulièrement aromatique.
Si le cépage Traminer est présent et cultivé en Alsace et en Allemagne dès le 16e siècle, il semble que la différenciation de sa version rose et épicée ne s’établisse véritablement qu’au 19ème siècle, toujours en Alsace. C’est à cette période qu’il traverse également le Rhin pour conquérir l’Allemagne et l’Autriche et y adopter définitivement son nom germanique. Seul son cousin, le Klevener de Heilingstein (cultivé dans la région de Barr en Alsace) est encore appelé savagnin rose.
Le Gewurztraminer est très présent dans le vignoble alsacien, où il représente près de 20% des surfaces cultivées, et continue à progresser avec près de 2700 hectares cultivés aujourd’hui. Il constitue en Alsace l’un des quatre cépages nobles pouvant bénéficier de l’appellation Grand Cru.
Il reste également présent en Allemagne (plus de 800 hectares) et en Autriche, et, dans une moindre mesure en Italie, en Hongrie, en Croatie et en Suisse. Hors d’Europe, notons qu’il est très présent aux Etats-Unis (Californie), avec une surface cultivée équivalente à celle d’Alsace, et plus anecdotiquement en Australie et Afrique du Sud.
De l’avis général, c’est sur les coteaux alsaciens que ce cépage donne son meilleur.
Les feuilles sont petites, rondes, à trois lobes et reconnaissables par la couleur rouge du départ des nervures. Les grappes sont également petites et plutôt lâches. Enfin, la baie est petite, sphérique, à peau épaisse, de teinte rose-dorée à rouge clair selon le niveau de maturité et d’ensoleillement.
Globalement, le Gewurztraminer est vigoureux et peu sensible au froid hivernal. Cependant, s’il résiste plutôt bien à l’oïdium, il est sensible à d’autres maladies comme la chlorose, la pourriture grise ou au dessèchement de la rafle. De nature peu productive, il est généralement admis de le tailler long pour assurer une production suffisante.
C’est une variété précoce qui peut donc faire craindre des gelées printanières tardives. En revanche, si les conditions climatiques sont favorables, il peut être attaqué par la nourriture noble et être récolté alors en Vendange Tardive ou Sélection de Grains Nobles.
Il est globalement bien adapté à différents types de sols et substrats : marno-calcaires, granitiques comme argilo-sableux.
Le jus du Gewurztraminer est naturellement parfumé et légèrement musqué ; les baies rougeâtres sont très sucrées. Ces caractéristiques vont bien sûr orienter l’aspect et la palette gustative des vins qui en sont issus.
Ce cépage donne à l’œil des vins d’un jaune intense, aux reflets dorés.
Au nez, le Gewurztraminer offre un bouquet riche, souvent exubérant, pouvant mêler les fruits exotiques (litchis, mangue, ananas ou fruits de la passion), des arômes de fruits mûrs voire confits, d’agrume, et des notes épicées (menthe poivrée, pain d’épice, girofle, poivre, réglisse). Des arômes fréquents de fleurs blanches (acacia) et de miel complètent cette palette très variée.
En bouche, le Gewurztraminer apporte de l’ampleur et du gras, il donne un vin corsé dans lequel on retrouve les saveurs précédemment évoquées. Vendangé en surmaturation, il donne des vins moelleux voire liquoreux, avec la même complexité aromatique. Il est parfois vinifié en Allemagne pour produire du vin mousseux (Sekt) ainsi que des eaux de vie (tirées du marc).
Lorsqu’il est magnifié dans un Grand Cru alsacien en particulier, le Gewurztraminer peut produire de grands vins gastronomiques.
Son moelleux et sa concentration aromatique en font un « ami » naturel des desserts, en particulier aux fruits (tarte tatin, charlotte aux pêches ou à l’abricot). Attention à veiller à ce que ses arômes puissamment fruités ne soient pas masqués par le sucré du dessert.
Au-delà, le Gewurztraminer, surtout lorsqu’il reste assez sec et exprime de la minéralité, s’accorde très bien avec des plats de poissons en sauce, ou des cuisines épicées, d’Asie ou d’Inde (lait de coco, gingembre ou galanga…).
Son moelleux s’adapte également à la dégustation d’un foie gras.
Enfin, on l’oublie trop souvent, les vins issus de Gewurztraminer peuvent parfaitement se révéler avec des fromages corsés ou persillés, comme le munster ou le roquefort.