La région viticole d’Anjou-Saumur est une terre historique de production de grands vins blancs, secs ou moelleux, tranquilles ou effervescents. Déjà fort appréciés dès le XVe siècle par les Cours de France et d’Angleterre, les vins d’Anjou et de Saumur comptent aujourd’hui parmi les très grands vins français.
Centré sur le département de Maine-et-Loire, mais débordant jusqu’à la Vienne et les Deux-Sèvres, le vignoble s’étend sur près de 20 000 hectares (dont plus de la moitié en AOC), principalement sur les rives de la Loire et sur les coteaux de ses deux célèbres affluents, le Layon et l’Aubance.
D’une très grande diversité géologique, connue pour ses centaines de kilomètres de caves et galeries troglodytes creusées dans les falaises de craie, cette région viticole produit certains des plus remarquables vins blancs au monde, qu’il s’agisse des célèbres Clos Roche aux Moines ou Coulée de Serrant dans l’AOC Savennières pour les vins secs, ou des AOC Bonnezeaux ou Coteaux du Layon pour les moelleux… Ce sont des vins de grande garde, d’une extraordinaire palette aromatique, provenant tous du cépage roi de la région, le chenin blanc.
Au final, les vins blancs, tranquilles ou effervescents, se taillent une part significative de la production de la région (40 %), avec près de 300 000 hectolitres annuels.
Le vignoble s’étend des roches cristallines à l’ouest du Massif armoricain jusqu’aux sols calcaires à l’est du Bassin parisien.
Dans la région de Saumur, en plateau, on trouve les sols sédimentaires crayeux de tuffeau si caractéristiques de la région. La roche mère calcaire est relativement tendre, et le sol profond. La craie donne une couleur blanche aux sols de cette région souvent appelée « Anjou blanc ». La porosité du sol assure un parfait drainage, tout en retenant l’eau nécessaire à la vigne plus en profondeur.
Plus à l’ouest, du côté d’Angers, c’est la roche cristalline issue du Massif armoricain qui confère sa richesse au terroir, composé de sols schisteux. Plus ils sont altérés et profonds, avec recouvrement sableux ou limoneux, plus ils conviennent à la production des grands liquoreux angevins.
C’est aussi sur des sols schisteux mais peu altérés, à forte pente, que l’on va trouver les expressions les plus remarquables (et minérales !) du chenin vinifié en vin blanc sec : c’est le cas des pentes abruptes et rocailleuses où sont produits les meilleurs savennières, qui dominent la Loire.
S’il est vrai que la diversité des terroirs ligériens permet à la région Anjou-Saumur de produire des vins très expressifs et variés, le cœur de cette production reste le chenin, cépage historique de la vallée de Loire et tout particulièrement de l’Anjou.
Il est ici vinifié sous toutes les formes possibles : en sec, demi-sec, moelleux, liquoreux, en pétillant naturel ou selon la méthode champenoise… Il est très majoritairement vinifié seul mais accepte aussi, dans les vins pétillants, d’être assemblé avec du sauvignon blanc et du chardonnay.
Le chenin, à maturité tardive, est particulièrement adapté au climat océanique tempéré de l’Anjou. Il ne craint pas les hivers souvent pluvieux de la région et se révèle avec éclat grâce aux étés bien ensoleillés mais pas trop chauds, habituels dans le Val de Loire.
Vendangé tôt, il donnera les grands blancs secs et minéraux qui font la réputation de l’Anjou-Saumur, mais aussi, par son acidité naturelle, de très beaux vins à fines bulles. Vendangé tardivement, atteint alors par la « pourriture noble » à laquelle il est fort sensible, il exprimera sa persistance et ses complexes bouquets fruités dans de grands vins moelleux ou liquoreux des Coteaux du layon, d’Aubance ou de Bonnezeaux.
La culture du chenin occupe aujourd’hui plus de 6 000 hectares de vignes dans la région et ce cépage entre souvent exclusivement, ou sinon à titre principal, dans l’élaboration des vins de 18 AOC de la région.
Certaines appellations de vins tranquilles autorisent l’utilisation du chardonnay en cépage accessoire, ne devant pas dépasser 20 % de l’encépagement total de l’appellation.
Plusieurs AOC d’Anjou-Touraine ont acquis leur réputation par la vinification du chenin en moelleux, voire en liquoreux. En effet, les microclimats des vallées du Layon et de l’Aubance en particulier permettent à la pourriture noble de se développer. La présence des cours d’eau amène l’humidité nécessaire du matin et l’ensoleillement de fin d’été et de début d’automne fait le reste.
Le champignon botrytis peut alors coloniser les grappes bien mûres de chenin, rendant la peau des baies plus perméables, ce qui favorise l’évaporation de l’eau contenue dans le raisin. Le chenin voit alors sa concentration en sucres se renforcer et perd en acidité.
La vendange se fait par tries successives, manuellement, afin de sélectionner la juste proportion de baies atteintes par la pourriture noble. Elle peut s’étaler sur une période d’un mois. Certaines appellations en Anjou, le Quarts de Chaume ou le Coteaux du Layon Premier Cru Chaume, peuvent bénéficier, comme en Aslace, de la mention « Sélection de grains nobles », indiquant que le vin a été produit avec 100 % de baies botrytisées. Les rendements pour la production de ces vins moelleux ne dépassent guère 30 hectolitres par hectare, et se situent souvent entre 15 et 20 hectolitres.
Le chenin donne alors des vins moelleux voire liquoreux, au-delà de 120 grammes de sucres résiduels par litre, à la robe jaune d’or profond, tirant vers l’orange. Si la botrytisation amène du gras et de la richesse, le chenin par son acidité naturelle permet à ces vins moelleux de conserver une belle fraîcheur en bouche. On retrouve la persistance des grands moelleux et ces arômes caractéristiques de fruits confits voire de pâtes de fruits.
Au global, les différentes appellations de l’Anjou produisent chaque année plus de 60 000 hectolitres de vins moelleux et liquoreux (l’AOC Coteaux du Layon représentant à elle seule près de deux tiers de cette production) et jouissent, à juste titre, d’une très grande réputation internationale.