Le vignoble de Bandol, reconnu en AOC dès 1941, constitue certainement l’un des berceaux de la vigne en Provence, et plus généralement en France. Des fouilles archéologiques ont permis de découvrir que les Phocéens (au VIe siècle avant notre ère) puis les Romains cultivaient déjà la vigne, probablement en terrasses comme aujourd’hui, du côté du village du Castellet, au nord de Bandol.
Les quelque 1 500 hectares de vignes actuellement en production occupent un véritable amphithéâtre naturel, regardant au sud vers la Méditerranée et le golfe de Bandol. Étagé en restanques, le vignoble est protégé par les grandes barrières calcaires qui l’entourent, qu’il s’agisse du massif de la Sainte-Baume ou du mont Caume.
Les sols, marqués par l’érosion des massifs qui dominent le vignoble, sont argilo-calcaires et très caillouteux. S’y mêlent marnes sableuses, grès calcarifères et éléments siliceux. Au final, la zone d’appellation (limitée aux coteaux pentus aménagés au fil des siècles en étroites terrasses) est particulièrement bien drainante et apporte les éléments minéraux nécessaires à la vigne. L’ensoleillement y est très important (3 000 heures par an en moyenne) et l’aridité naturelle de la zone est partiellement compensée par l’humidité de l’air marin.
Les conditions sont réunies pour élaborer ici de grands vins, dans les trois couleurs. La « culture » du vin blanc est très minoritaire : 2 000 à 3 000 hectolitres seulement de bandol blanc sortent chaque année des chais. Pourtant leur réputation n’est plus à faire : en France comme ailleurs, vous aurez peut-être la chance d’en découvrir sur la carte d’une grande table…
Ici la clairette domine les assemblages (entre 50 et 95 %) mais peut être associée à de nombreux autres cépages méditerranéens afin de parfaire l’équilibre et la richesse aromatique du vin. Pourront ainsi être présents ugni blanc, bourboulenc, marsanne, vermentino et, plus rarement, afin d’apporter de la fraîcheur, sauvignon ou sémillon.
Ce vin à la robe pâle est à la fois complexe et élégant. Le nez est porté par des notes florales (tilleul, genêt) associées à des arômes d’agrumes (pamplemousse, citron) et de fruits à chair blanche (pomme, poire, pêche). Après 2 à 3 ans de garde, les meilleures cuvées déploient également des notes miellées. En bouche, le vin développe un bel équilibre entre gras, amertume et fraîcheur. Si la finale reste bien fruitée, le terroir dote le vin d’une belle persistance minérale.
Le bandol blanc fait merveille avec des entrées d’inspiration italienne, comme des antipasti (poivrons ou artichauts marinés, involtini de chèvre et speck…) ou un vitello tonnato. Son équilibre et sa légère amertume autorisent également des plats plus riches et onctueux en bouche, comme une brandade de morue ou une blanquette de veau. En fin de repas, les fromages de chèvre provençaux, frais ou affinés, sont tout indiqués.