L’appellation Muscat désigne la production de vins blancs doux naturels exclusivement produits à partir du muscat à petits grains (et de muscat d’Alexandrie pour l’AOC Rivesaltes). Elle regroupe 5 appellations communales :
- 4 dans le Languedoc (Muscat de Frontignan, de Lunel, de Saint-Jean-de-Minervois et de Mireval), pour un total de 1 500 hectares de vignes exploitées ;
- 1 dans le Roussillon, le Muscat de Rivesaltes, qui occupe à lui seul plus de 3 500 hectares de vignes et dont la production annuelle atteint 100 000 hectolitres.
À l’exception de Saint-Jean-de-Minervois, tous les muscats sont produits dans des zones proches de la Méditerranée, chaudes et très ensoleillées, où le raisin va pouvoir atteindre une grande concentration en sucre. La vigne est implantée sur des sols argilo-calcaires ou silico-gréseux, qui drainent l’eau et accumulent bien la chaleur.
Le muscat de Saint-Jean-de-Minervois, issu de vignes plantées à 250 mètres d’altitude dans une zone un peu moins chaude, bénéficie quant à lui d’une récolte plus tardive, généralement 3 semaines après les autres.
Les vins doux naturels de Muscat sont les héritiers d’une très ancienne tradition du Bassin méditerranéen. Dès l’Antiquité romaine, on y appréciait les vins sucrés, dits « vins généreux ». Les vins étaient alors obtenus uniquement grâce à leur récolte tardive, lorsque le climat le permettait, et l’action de la pourriture noble (botrytis). Ce n’est qu’à partir du XIIIe siècle, grâce au médecin-chimiste Arnaud de Villeneuve, que fut mis au point le procédé de mutage, consistant à stopper, pendant la fermentation, le processus de transformation du sucre en alcool par l’adjonction d’une faible quantité d’alcool quasi pur dans le moût (5 à 10 %).
Aujourd’hui, les muscats sont exclusivement vinifiés par des producteurs-récoltants et doivent afficher une teneur en alcool finale entre 15 et 18°. Selon leur terroir d’origine, ils sont dotés de robes aux nuances variées, du jaune paille brillant à l’or intense. Au fil des années passées en cave, les reflets ambrés se font plus présents.
Leur bouquet est puissant, aux premières notes florales succèdent des arômes généreux de fruits secs (raisin de Corinthe), de fruits mûrs voire confits (pêche, abricot), d’agrumes et, souvent, de fruits exotiques (mangue, litchi). La bouche est dense, charnue et suave. La trame acide permet cependant de garder de la fraîcheur et d’éviter la lourdeur. Ces vins gourmands et très persistants en bouche acceptent facilement une garde de 5 ans ou davantage ; ils développent alors des notes miellées.
Souvent servis frais (8 °C) en apéritif, ils peuvent également accompagner un foie gras poêlé, des fromages persillés (roquefort) et bien sûr de nombreux desserts (charlotte aux pêches ou aux abricots, soupe de fraises, fondant au chocolat…).