Même si on ne connaît pas avec certitude sa région d’origine, c’est du côté d’Angers que l’on trouve les traces les plus anciennes de sa culture, dès le 9ème siècle.
Il n’a dès lors jamais quitté la vallée de la Loire, s’étendant sur les coteaux de Saumur et de Vouvray. Rabelais écrit déjà sur le chenin dans Gargantua…
Ce grand cépage fut longtemps victime d’une course aux rendements et de vendanges prématurées, donnant des vins indignes de lui. Le chenin, ou pineau blanc de la Loire, est désormais l’objet de toutes les attentions et le niveau de qualité atteint par les vins d’Anjou et de Touraine montre que ce cépage a toute sa place en haut de l’affiche.
Chassés par Louis XIII, puis par Louis XIV, des huguenots emportent avec eux le chenin qu’ils planteront en Afrique du Sud où il domine désormais, sous le nom de steen. Près de 25 000 hectares lui sont consacrés dans ce pays.
D’autres chemins le mèneront au dix-neuvième siècle vers l’Argentine et le Chili, vers l’Australie ou la Californie.
Plus de dix appellations prestigieuses de la Loire l’imposent en cépage unique, au hasard, Savennières ou Vouvray, Bonnezeaux ou Jasnières. En tout, plus de dix mille hectares lui sont consacrés en France, dont l’écrasante majorité en Anjou et en Touraine (l’appellation Limoux, dans les Pyrénées Orientales en utilise également).
Qu’il soit planté sur des sols calcaires, argilo-calcaires, granitiques, schisteux, qu’il soit élevé en vin sec, demi-sec, moelleux ou effervescent, sa versatilité impressionne. Son aptitude au vieillissement, sur la plupart de ses terroirs ligériens, est extraordinaire.
Le chenin blanc est assez précoce, vigoureux et fertile. Danger, le débourrement étant précoce, les gelées de printemps sont un véritable ennemi, les bourgeons secondaires étant très peu productifs. Sensible aux maladies du bois, il n’est pas à la fête ces dernières années avec l’esca, un champignon qui détruit le cep et qui toucherait pas loin de 10% des vignes à Vouvray, par exemple. Le chenin est également sensible à la pourriture grise et à l’oïdium.
Grappes plutôt grandes, raisins plutôt petits, une des très grandes qualités du chenin tient à sa propension à conserver un niveau d’acidité élevé en arrivant à maturité, d’où élégance, précision et aptitude au vieillissement.
Elles sont évidemment différentes en fonction des terroirs et de l’élevage (en sec ou en moelleux en particulier). Le plus souvent, le chenin apporte des notes de fleurs blanches (acacia), de fruits à chair blanche (pomme, coing, poire), de miel. Son acidité naturelle laisse percer des arômes d’agrumes.
En bouche, il mêle vivacité, fraîcheur et apporte de la persistance au vin.
Saumur, Anjou, Vouvray, Montlouis, Savennières, Jasnières, Côteaux-du- Loir, voilà pour quelques vins secs. Bonnezeaux, Côteaux de l’Aubance et Côteaux du Layon, Quarts de Chaume, Vouvray, toutes appellations capables de produire de très grands liquoreux. Pour les vins effervescents, beaucoup de Crémants de Loire en contiennent une part importante et, bien sûr, les Vouvrays brut 100%.
Au pied des vignobles, la Loire et tous ses affluents fournissent de nombreux poissons d’eau douce qui conviennent très bien au chenin. C’est aussi le cas des poissons de mer à chair ferme (bar, lotte…) et des poissons de roche comme le rouget. Son équilibre et son fuité intense se marient également avec des cuisines très aromatiques, comme le cuisine thaï ou la cuisine indienne. N’oublions pas les plats de légumes verts (en gratin par exemple) et les fromages de chèvre.