Le vignoble mythique de Chassagne-Montrachet, reconnu en AOC dès 1937, s’étend sur un peu plus de 300 hectares, et déborde à la marge sur la commune voisine de Rémilly. À la différence de ses célèbres voisins Puligny-Montrachet et Meursault, Chassagne-Montrachet produit traditionnellement une proportion non négligeable de grands vins rouges (environ un tiers de l’AOC).
Si la vigne est ici présente depuis la fin de l’époque gallo-romaine, c’est sous l’impulsion des moines clunisiens du prieuré de Morgeot que le vignoble est reconstitué et densifié à la fin du XVe siècle, une fois les guerres entre duché de Bourgogne et royaume de France terminées.
Le vignoble de Chassagne-Montrachet occupe la pointe sud de la côte de Beaune, à une altitude qui varie entre 230 et 360 mètres. La combe de Saint-Aubin le divise en deux parties. Le substrat est composé d’une alternance de calcaires et de marnes du Jurassique moyen et supérieur, étages bathonien à oxfordien, favorable au cépage chardonnay.
Les calcaires les plus résistants composent les corniches. Les trois appellations Grand Cru reposent sur le versant nord-est de la combe, dans le prolongement de Puligny-Montrachet. Après la combe de Saint-Aubin, le long coteau qui héberge le vignoble prend ici le nom de « Grande Montagne » ; il porte les premiers crus, qui s’étagent entre 270 et 320 mètres, sur les versants au substrat calcaire et marno-calcaires, dans les meilleures expositions (est et sud-est).
Enfin, le piémont, sur les épandages plus argileux et graveleux, concentre l’essentiel de la production de l’appellation Villages.
Le vignoble de Chassagne-Montrachet compte 52 climats classés en Premier Cru, qui représentent près des deux tiers de la surface exploitée en chardonnay. La commune produit également 3 grands crus blancs, dont les mythiques Montrachet et Bâtard-Montrachet (qu’elle partage avec Puligny-Montrachet) et le plus confidentiel Criots-Bâtard-Montrachet, dont la superficie ne dépasse guère 1 hectare !
Parmi les terroirs les plus réputés, on peut citer les climats qui font face au Montrachet, comme Les Chenevottes, Blanchot-Dessus ou Les Macherelles qui donnent des vins fins et floraux, très aromatiques. Mais aussi, les climats exposés au levant, à l’est et au sud de la « Grande Montagne » comme La Romanée, Les Caillerets ou Les Fairendes : ici, le sol argilo-calcaire, caillouteux et peu profond engendre des vins ciselés, nerveux, exprimant une très grande minéralité.
Globalement, les blancs de Chassagne-Montrachet sont moins gras et opulents que leurs voisins de Puligny-Montrachet, plus ciselés. Ils expriment néanmoins à merveille la minéralité de ce grand terroir et toute la richesse aromatique que peut produire le chardonnay sur la Côte. La robe est dorée, aux reflets verts quand le vin est jeune. Le nez est puissant et floral (aubépine, chèvrefeuille, acacia), marqué par des notes de beurre, voire de brioche, de noisette grillée, d’amande fraîche. Avec l’âge (les meilleurs premiers crus s’apprécient après 10 à 15 ans de garde !), les arômes évoluent vers des notes de miel, de fruit blanc très mûr (poire, pomme). La pierre à fusil s’exprime puissamment et contribue à l’allonge spectaculaire en bouche.
Au-delà des poissons nobles (turbot, saint-pierre, sole), des grands crustacés (gambas, homard, langouste) et des viandes blanches, le chassagne-montrachet par sa richesse aromatique s’accorde également très bien avec des préparations plus épicées et exotiques (curry padang, cumin, cannelle, combava). En fin de repas, il ne faut pas hésiter à déguster gruyère, comté ou beaufort avec un tel vin !