Nous entrons ici dans le trio magique des communes qui font rayonner les grands blancs de la côte de Beaune dans le monde entier, avec Chassagne-Montrachet et Puligny-Montrachet.
La commune de Meursault compte l’un des vignobles les plus étendus de Bourgogne avec près de 400 hectares de vignes exploitées. Réputée pour ses vins produits par les moines de l’abbaye de Cîteaux dès les XIe et XIIe siècles, elle fut reconnue en AOC en 1937. Le village lui-même témoigne de la splendeur des vins de Meursault, à en juger par les nombreux domaines et maisons de maître bâties aux XVIIIe et XIXe siècles par les grandes familles de viticulteurs et de négociants.
Ici le chardonnay est roi et représente plus de 95 % de la production. Il trouve, dans la succession de terroirs d’exception que compte la zone d’appellation, d’infinies nuances d’expression toutes marquées par la puissance aromatique, la minéralité, l’énergie et, surtout, une extraordinaire capacité au vieillissement des vins qui en sont issus.
Entre Volnay au nord et Puligny au sud, le vignoble s’étend en front de côte, entaillé au niveau du village par la vallée du Rhau de Saint-Romain. C’est sur la partie nord du vignoble, vers Volnay, que sont produits les rares meursaults rouges. La partie sud, vers la côte des Blancs, concentre quant à elle la plupart des premiers crus blancs de Meursault (à l’exception des Cras et des Caillerets).
Il couvre des coteaux de pente moyenne à forte, exposés à l’est et au nord-est, principalement composés de marnes calcaires. La nature du substrat varie sensiblement suivant l’altitude : en bas de coteau, le calcaire dit de Chassagne, surmonté par un petit banc marneux et du calcaire dolomitique ; à mi-coteau, apparaissent les calcaires en plaquettes formant la Dalle nacrée ; au-dessus, un important niveau de marnes recouvertes au sommet de calcaire dur. Plus on monte, plus les vins apparaîtront tendus ; plus on descend, plus ils sont amples et gras.
L’appellation Villages produit des vins fort différents selon le climat dont ils proviennent. Certains parcellaires, en Villages, sont particulièrement remarquables et rivalisent avec les premiers crus. On peut citer, au sud du vignoble, Les Narvaux et Le Limozin, qui offrent des vins minéraux et très fins. Au nord, les parcelles La Désirée, Le Pré de Manche, Clos de la Barre et En la Barre donnent des villages particulièrement minéraux et aromatiquement puissants. Enfin au centre, sur le coteau de Meursault, on citera Les Tessons (d’ailleurs classé par le docteur Lavalle dès 1855 en « première cuvée » tant sa qualité était remarquable) et son nez puissant de pierre à fusil, ou Les Chevalières, qui produit des vins fins et très équilibrés.
Les meilleurs terroirs se situent à une altitude moyenne, entre 250 et 300 mètres, où se concentrent la plupart des premiers crus.
Les 19 climats classés depuis les années 1950 en Premier Cru sont :
- Blagny
- Charmes
- Clos des Perrières
- Genevrières
- La Jeunellotte
- La Pièce sous le Bois
- Le Poruzot
- Les Bouchères
- Les Caillerets
- Les Cras
- Les Gouttes d’Or
- Les Plures
- Les Ravelles
- Les Santenots Blancs
- Les Santenots du Milieu
- Perrières
- Porusot
- Sous Blagny
- Sous le Dos d’Âne
Ici s’exprime, avec d’infinies nuances, la quintessence des vins de Meursault, et plusieurs de ces climats mériteraient de toute évidence l’appellation Grand Cru.
Au nord du vignoble, près de Volnay, on trouve les premiers crus Les Caillerets et Les Cras, qui ne couvrent à eux deux qu’environ 5 hectares, ainsi que les parcelles de Blagny. La nature du sol, argilo-calcaire et assez caillouteux, donne ici des vins puissants et très minéraux, très aromatiques mais peut-être moins amples et gras que les premiers crus du sud du vignoble. Le climat voisin des Santenots ainsi que celui des Pelures sont traditionnellement dévolus plutôt au pinot noir, et produisent dans l’appellation Volnay Santenots.
C’est au sud du vignoble que l’on trouve les plus célèbres premiers crus en blanc, à commencer par Les Perrières qui produit sur 13 hectares un vin tendu et puissant, à la fois rocailleux et épicé. Le premier cru Charmes constitue quant à lui l’expression la plus opulente de Meursault ; c’est un vin gras, presque charnu, qui présente cependant un bouquet floral d’une grande élégance. Les Gouttes d’Or, Les Bouchères et Le Poruzot donnent des vins plus cristallins et tendus, aux notes florales (fleur de vigne) et fruitées. Enfin, le premier cru Genevrières, aux parcelles orientées plein est, offre des vins soyeux et frais, délicatement floraux.
En dépit de ces nombreuses nuances, les meursaults se caractérisent par un bel équilibre entre tension, fraîcheur et matière (gras, onctueux). Le bouquet de fleurs blanches (aubépine, tilleul, verveine) laisse place après aération à des notes beurrées, miellées, de fruits secs (noisette, amande), de fruits à noyau (abricot, prune), sans oublier la minéralité qui s’exprime par un fumet de pierre à fusil.
Les meilleurs meursaults (Perrières, Charmes) sont des vins de grande garde, qui continuent à évoluer et s’épanouir après 15 ou 20 ans passés en cave.
Vins de gastronomie par excellence, ils subliment les meilleurs produits de la mer (homard, langouste, turbot, sole, bar de ligne…). Leur équilibre exceptionnel et leur puissance aromatique en font également des compagnons idéaux pour le veau, les volailles et même certains gibiers marinés (chevreuil). Plus surprenant peut-être est l’accord du meursault avec un foie gras, poêlé ou en terrine. Sans parler de nombreux fromages (à pâte molle, à pâte persillée, de vache, de chèvre et même de brebis)…