Voilà certainement une des AOC communales de la côte de Beaune promise à un très grand avenir. Coincée entre ses illustres voisines de Chassagne-Montrachet au sud et Puligny-Montrachet à l’est, jouxtant le terroir du mythique grand Cru Montrachet, le vignoble de Saint-Aubin possède tous les atouts pour produire de très grands vins blancs.
La vigne d’environ 170 hectares dont près de 80 % sont dédiés au chardonnay occupe quasi exclusivement des coteaux modérément voire fortement pentus, à une altitude relativement élevée (entre 350 et 400 mètres). La température un peu fraîche liée à l’altitude et aux vents qui parcourent la combe est compensée par une orientation sud et sud-est des vignes qui permet au chardonnay d’atteindre une bonne maturité. La vigne occupe principalement des terres blanches argileuses fortement calcaires et pierreuses.
Témoin de la qualité de ces terroirs, reconnus en AOC dès 1937, l’essentiel du vignoble de Saint-Aubin est classé en Premier Cru.
Les 30 climats classés en Premier Cru sont :
- Bas de Vermarain à l’Est
- Derrière Chez Édouard
- Derrière la Tour
- Échaille
- En Créot
- En la Ranché
- En Montceau
- En Remilly
- En Vollon à l’Est
- Es Champs
- La Chatenière
- Le Bas de Gamay à l’Est
- Le Charmois
- Le Puits
- Les Castets
- Les Champlots
- Les Combes
- Les Combes au Sud
- Les Cortons
- Les Frionnes
- Les Murgers des Dents de Chien
- Les Perrières
- Les Travers de Marinot
- Marinot
- Pitangeret
- Sous Roche Dumay
- Sur Gamay
- Sur le Sentier du Clou
- Vignes Moingeon
- Village
On peut cependant isoler certains d’entre eux, par la qualité et la puissance des blancs qu’ils produisent. À commencer par Les Murgers des Dents de Chien, qui jouxte la commune de Puligny et présente exposition et structure de sols similaires aux meilleures parcelles de Puligny et Chassagne. Sont produits ici des vins particulièrement minéraux, puissants et droits.
Au sud-est du hameau de Gamay, on trouve des vins raffinés et denses à la fois, d’une grande complexité aromatique, qui n’ont rien à envier (à des prix souvent plus accessibles) aux meilleurs puligny-villages : on peut citer En Remilly, Les Cortons ou La Chatenière.
Enfin, au sud du vignoble, vers Chassagne, les climats Les Combes au Sud, Le Charmois ou Pitangeret donnent des blancs tout à fait comparables à des premiers crus de Chassagne-Montrachet, minéraux, amples et vifs à la fois, marqués par le fruit et les épices.
Notons enfin, tout près du village, les climats Les Frionnes ou Les Perrières, qui jouissent d’un sol un peu plus marneux et argileux, et donnent des vins particulièrement gourmands et amples.
Globalement, les saint-aubins blancs, aux nuances dorées variant selon les crus et les millésimes, proposent un bouquet complexe associant fleurs blanches (acacia, aubépine, fleur d’oranger), notes fruitées (agrumes, fruits blancs ou jaunes à noyau), notes beurrées et minéralité marquée (silex, pierre à fusil). En bouche, si le vin est jeune, il donne une attaque vive mais subtile, la trame acide soutenant la complexité aromatique. La bouche est ample, dense. Après quelques années de garde (3 à 5 ans au minimum), elle se fera plus onctueuse encore et persistante, révélant des arômes épicés (miel et cire d’abeille, amande grillée, cannelle, ambre).
Quant aux accords mets-vins, ils sont nombreux et variés, tant les crus diffèrent les uns des autres. Cependant, l’équilibre entre vivacité et onctuosité en bouche, l’élégance et la riche palette aromatique de ces vins appellent des produits raffinés.
Pour citer quelques exemples d’associations sûres et réjouissantes : des poissons nobles à chair ferme (saint-pierre, sole, turbot, bar, lotte), des crustacés juste pochés ou grillés (homard, langoustine), une belle volaille cuite en vessie puis crémée, des cuisses de grenouille, des préparations en feuilleté (ris de veau, escargots…), des fromages frais comme le brocciu corse ou la ricotta italienne, mais aussi des tommes de brebis ou encore des pâtes molles (langres, livarot…) ou des pâtes dures fruitées (beaufort, comté, gruyère)…
Les vins de Saint-Aubin sont de grands vins de gastronomie, qu’il ne faut pas hésiter à conserver 10 ans ou davantage en cave pour les meilleurs premiers crus, et qu’il convient de déguster pas trop frais (13 à 14 °C).