Le vignoble d’Alsace présente la particularité de pratiquer de façon très encadrée les vendanges tardives et la sélection de grains nobles.
Depuis 1984, grâce à la détermination de plusieurs vignerons alsaciens et en particulier de la famille Hugel installée à Riquewihr, les mentions « Vendanges tardives » (VT) et « Sélections de grains nobles » (SGN) constituent de véritables mentions d’appellation répondant à un cahier des charges bien précis, spécifique aux vins d’Alsace.
La pratique des vendanges tardives est très ancienne dans la région, marquée par l’influence germanique et le goût de l’autre côté du Rhin pour les vins « auslese » (sélection). Il s’agit de retarder la récolte des raisins de plusieurs semaines et de sélectionner des grains en surmaturité, contenant donc plus de sucre. L’utilisation de ces grains donne des vins moelleux, riches en alcool et en sucre résiduel, et aux goûts puissants.
Le décalage de la récolte peut aller jusqu’à la botrytisation des grappes et la production de pourritures nobles : la vendange se fera alors de façon extrêmement délicate, manuellement et grain par grain, afin de ne sélectionner que les grains nobles. Les vins SGN pourront compter jusqu’à 50 % de baies botrytisées. Les vins ainsi obtenus possèdent un corps et un potentiel de vieillissement supérieurs aux vins de réserve.
Les mentions VT et SGN, gages de qualité, répondent à un cahier des charges strict : les vins de cette catégorie doivent être élevés pendant une période de 18 mois minimum. À la différence des autres régions viticoles où l’on produit également des vins moelleux, la chaptalisation (ajout de sucre dans le moût) est strictement interdite en Alsace. En outre, seuls quatre cépages nobles peuvent faire l’objet d’une récolte et d’une vinification de ce type : le riesling, le gewurztraminer, le pinot gris et le muscat.
Au final, pour les gewurztraminers et pinots gris, les VT devront titrer 15,3° (pour une concentration en sucre de 257,5 grammes par litre) et les SGN 18,2° (pour une concentration de 306,3 g/l). Ces chiffres sont légèrement abaissés pour les rieslings et muscats, naturellement moins enclins à la concentration en sucre lors de la surmaturation : respectivement 14° (235,6 g/l) pour les VT et 16,4° (276 g/l) pour les SGN.
Ces vins, par leur sucre résiduel et leur puissance aromatique qui les placent parmi les plus grands vins liquoreux au monde, sont particulièrement appréciés en vins d’apéritif ou d’accompagnement de desserts.