Il y avait bien la foule des Grands Jours pour la 11ème édition de la manifestation biennale qui réunit le gotha des vignerons bourguignons et toute la planète professionnelle du vin : importateurs, cavistes, sommeliers, journalistes… La semaine durant, de nombreuses manifestations étaient organisées à Beaune et autour: l’occasion pour l’équipe de La Route des Blancs de goûter pas moins de 500 vins (dur métier !) et de se faire une idée assez précise des millésimes 2014 (déjà en bouteille pour la plupart des domaines) et 2015, qui a globalement fini les fermentations malo-lactiques et démarre son élevage.
Un niveau général très élevé en 2014...et en 2015
Premier constat : le succès des vins de Bourgogne ne se dément pas ! Tous les continents avaient répondu à l’appel, et en premier lieu, l’Asie (Japon et Chine en tête) et les Etats-Unis (de retour nous dit-on !). Quand on voit l’affluence et qu’on compte le nombre de langues différentes parlées devant les stands des grands noms de la Côte de Beaune, on se dit que la difficulté d’accès à ses belles bouteilles pour les amateurs que nous sommes n’est pas prête de s’estomper…
Disons-le tout net : le succès est largement mérité si l’on en juge par le niveau général atteint par la production de blancs sur le millésime 2014. Un très haut niveau de qualité, avec des vins précis, puissants, témoignant d’une belle maturité de fruit. Et globalement, plutôt moins marqués par le bois et l’élevage que par le passé. La mode des vins très « beurrés-grillés » serait-elle en train de lentement s’effacer au profit de vins révélateurs de la qualité du fruit et transmetteurs de terroir ? C’est bien possible…et ce serait, à notre humble avis, une bonne chose !
L’engouement pour les blancs ne devrait pas faiblir sur le millésime 2015. Ils représentent cette année 2/3 de la production bourguignonne! Nous vous l’avons déjà dit lors de notre panorama des vendanges, la qualité du raisin fut largement au rendez-vous et la bourgogne n’a pas connu cette année-là – excepté dans le Chablisien - trop d’aléas climatiques susceptibles d’abîmer la vigne, comme les épisodes de grêle qui ont fait beaucoup de mal aux raisins l’été 2014 du côté de Meursault.
Au final, les premières dégustations des 2015, encore en début d’élevage, sont fort prometteuses : la plupart des vignerons ont su évité sur-maturité et lourdeur (que l’on pouvait craindre eu égard aux températures estivales très élevées) : ils y ont été aidés bien sûr par les pluies récurrentes de juillet et août qui ont permis d’éviter un stress hydrique trop fort, et surtout, ils ont su adapter au jour près le calendrier des vendanges. Les jus après fermentation ont conservé un bon niveau d’acide tartrique et s’avèrent d’ores et déjà très équilibrés. Le fruit y est superbe évidemment, et la fraîcheur est au rendez-vous… C’est incontestablement un grand millésime qui se prépare.
Mais revenons aux dégustations des 2014. Premier enseignement, l’engouement mondial pour les blancs du sud Bourguignon : nous avions rarement rencontré une telle fréquentation que ce soit au Palais des Congrès de Beaune pour la présentation des crus du Mâconnais, ou encore à Mercurey pour celle des vins de la Côte Chalonnaise. L’intérêt pour ses chardonnays à la fois solaires et minéraux, et surtout, bien plus accessibles en prix se confirme…et il est largement mérité !
Les vins de la Côte chalonnaise : toujours plus séduisants
Du côté de la Côte Chalonnaise, mention spéciale pour les Rully et Bouzeron du Domaine Paul & Marie Jacqueson, un modèle d’équilibre, de qualité de jus et d’énergie : leurs vins sont vivants en bouche, et d’une pureté que nous aimons beaucoup ! Belle réussite aussi du côté de Vincent Dureuil-Janthail : une gamme d’une droiture exemplaire, à la minéralité fine et précise, d’une impeccable structure, prête à affronter de belle manière une garde de quelques années… Sans surprise, on retrouve dans notre palmarès le Domaine A. et P. de Villaine où Pierre de Benoist continue à nous régaler avec un Bouzeron d’une rare pureté d’arôme et de texture et des Rullys de très haute volée, dense et plein d’élans, rappelant les meilleurs crus de la Côte de Beaune.
Quelques coups de cœur enfin : les Montagny bien mûrs (mais pas trop !) et tellement gourmands de Laurent Cognard, ceux du Domaine Feuillat-Juillot, toujours subtils, féminins et planants. Terminons par les Rully d’une rare profondeur de Jean-Baptiste Ponsot : ils expriment avec justesse et beaucoup de race les qualités de ces terroirs argilo-calcaires de tout premier ordre.
Le Mâconnais : un engouement bien mérité!
Difficile du côté du Mâconnais d’isoler quelques productions, tant les vignerons étaient nombreux à présenter leurs vins et tant la qualité du chardonnay s’avère ici impeccable ! Pour les amateurs de grands blancs de terroir, minéraux et verticaux, la gamme du domaine phare J-A Ferret est pour vous ! Les 2014 atteignent un niveau de complexité et de persistance dignes des premiers ou grands crus de la Côte de Beaune. Les Pouilly-Fuissé « tête de cru » Les Perrières et « hors-classe » Ménètrières nous ont littéralement fait chavirer : c’est très grand ! Bravo à la jeune Audrey Braccini qui perpétue avec un talent fou la tradition d’excellence de ce domaine emblématique, repris en 2008 par la maison Louis Jadot.
Ici aussi, la jeune génération brille, avec des vins moins solaires et puissants que ceux de leurs aînés, privilégiant la recherche de pureté d’expression du terroir, de fraîcheur et de digestibilité. Très belle réussite en ce sens pour Frantz Chagnoleau, avec des Pouilly-Fuissé et des Saint-Véran de haute-tenue, plein de nuances, fins et étirés en bouche ! Le grand Dominique Lafon nous avait conseillés d’aller goûter ces vins (il est vrai que la compagne de Frantz, Caroline Gon, est elle-même la régisseuse du Domaine Les Héritiers du Comte Lafon) : excellente suggestion ! Très joli gamme aussi du côté de Jacques et Nathalie Saumaize, désormais épaulés par leur fils, Anthony : pas de surmaturité, un élevage discret, une bouche fine, sapide et minérale… c’est excellent…et abordable !
Dans la catégorie « jeune pousse », dont on va certainement beaucoup parler demain, citons aussi les Saint-Véran et Pouilly-Fuissé du Domaine Guerrin et Fils et ceux de du Domaine Carrette, tous deux à Vergisson : leurs vins sont déjà très bon et ne cessent de progresser…
Enfin, notre coup de cœur : les vins de Dominique Cornin, et de son fils Romain. Tous deux chantres d’un respect absolu du terroir, de la plante et du fruit, ils conduisent avec une rare justesse ce petit domaine des appellations Mâcon et Pouilly-Fuissé. Bio-dynamistes convaincus, ils nous livrent en 2014 une gamme de cuvées parcellaires d’une pureté absolue. Coup de chapeau aux Pouilly-Fuissé Clos Reyssié et Les Chevrières : légèreté, verticalité, équilibre, persistance, minéralité…tout y est !
Rendez-vous dans quelques jours pour Impressions des Grands Jours de Bourgogne 2016 – Episode 2 – Chablisien et Côte de Beaune…
Et n’oubliez pas de rester aux aguets sur La Route des Blancs : vous devriez voir passer certains de ces vins lors de prochaines ventes privées…