On parle des qualités spécifiques des vins issus du cépage aligoté sur le territoire de Bouzeron, situé au tout début de la Côte Chalonnaise, depuis plus de trois cent ans. Au 18e siècle, l’abbé Courtépée, à qui l’on doit un des tous premiers ouvrages sur le vignoble de Bourgogne, met déjà en évidence ses qualités.
Le village de Bouzeron, devenu en 1998 une appellation d’origine contrôlée village, avait déjà eu, quelque vingt années auparavant, le droit d’accoler son nom à celui du cépage qui a fait sa gloire, on parlait alors de l’aligoté de Bouzeron. C’est notamment grâce aux efforts des Domaines Jacqueson (à Rully depuis 1946), Chanzy (16ème siècle) et de Villaine (à Bouzeron depuis 1973), que cette nouvelle AOC est née.
Le fait est que le cépage aligoté produit ici des vins différents de la masse importante de tous les vins produits un peu partout dans « les côtes » (Côte d’Or et Côte Chalonnaise), et aussi plus au nord, dans le Chablisien.
L’aligoté est cultivé sur un terroir à dominante calcaire, à des altitudes assez élevées, de 250 à 300 mètres, qui plus est exposé pour moitié à l’est et pour l’autre moitié à l’ouest, sur les hauts d’une vallée orientée au nord. Ici les vins ont plus de corps, plus de chair, et offrent des arômes plus profonds et plus complexes que leurs cousins, proches ou éloignés.
Au-delà du fait que les vignes sont plantées en coteau, ce qui a pour effet de limiter les rendements, la présence massive de calcaire de l’oxfordien dans le sol, est un deuxième facteur de limitation naturelle des rendements. Un aligoté, issu de vignes un peu jeunes et planté dans la plaine, à Puligny ou à Meursault, peut facilement donner plus de 100 hectolitres à l’hectare, avec pour résultat, des vins insuffisamment mûrs, acides, acerbes pourrait-on dire. L’AOC Bouzeron demande des rendements de l’ordre de 55 hectolitres, ce qui est très raisonnable avec un cahier des charges qui impose plus de 8000 pieds de vigne à l’hectare, d’où une charge qui permet d’atteindre très facilement les 10 degrés d’alcool potentiel, minimum requis par l’appellation. Dans la pratique, les 12 degrés sont le standard de l’appellation.
Ce fameux socle très calcaire, apporte une minéralité affirmée au vin, qui, combinée à des arômes d’agrumes et de fleurs, lui donne une vraie complexité. On trouve parfois dans les nez, lorsque le millésime est bien mûr, des éléments miellés et finement pâtissiers (viennoiserie), qui ajoutent encore à l’intérêt du Bouzeron.
Il y a enfin la « race » de l’aligoté, on trouvera plus facilement à Bouzeron le modèle dit « doré », qui donne des vins plus complexes et vient à maturité plus tôt que son cousin du modèle dit « vert », tout un programme, dont le nom seul suggère déjà des problèmes de maturité phénolique souvent rencontrés ailleurs en Bourgogne…
Si vous ne connaissez pas encore le Bouzeron, n’hésitez plus à la goûter,… vous l’adopterez ! Seule réserve de notre part, comme souvent en France, une AOC bien petite, une soixantaine d’hectares plantés, ce qui limitera par définition, le retentissement national et international de son nom…
Domaine Paul et Marie Jacqueson Domaine A. et P. de Villaine