Bienvenue au cœur du petit village de La Chapelle Vaupelteigne à quelques encablures au Nord de Chablis, pour découvrir une adresse aussi discrète qu’essentielle et enthousiasmante : Bessin-Tremblay, anciennement connu sous le nom du Domaine Jean-Claude Bessin.
Depuis le dédale de vieilles caves, qui semblent presque avoir été creusées sous la ravissante église romane Saint-Sébastien, la famille Bessin-Tremblay concocte parmi les expressions les plus abouties, les plus pures et équilibrées mais aussi les plus authentiques de quelques-uns des meilleurs terroirs chablisiens.
Pourtant, rien ne prédestinait les Bessin père et fils à devenir vigneron. Jean-Claude Bessin, architecte de formation, passé par l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, franchit le Rubicon en 1992, lorsque son beau-père lui propose de reprendre les vignes familiales. Son épouse, Evelyne, est en effet née Tremblay, une famille bien connue dans la région, propriétaire de vignes depuis les années 1880, soit 5 générations ! L’histoire démarre avec un certain Valentin Tremblay qui rachète aux propriétaires du Château de Maligny quelques vignes, principalement situées sur le réputé secteur de la Fourchaume, futur premier cru de l’appellation. En 1889, il se porte acquéreur de la parcelle qui deviendra, plus d’un siècle plus tard, un des fleurons du Domaine familial, la Pièce au Comte, cœur battant de la Fourchaume historique.
Ce vignoble familial, patiemment agrandi au fil des générations, est longtemps resté dans le giron de la coopérative, jusqu’à ce que Jean-Claude en prenne les rênes. En 30 ans, il va patiemment s’atteler à faire vivre sa propre vision du grand Chablis de terroir, un vin qu’il aime certes « tendu et énergique », mais qui « doit aussi être suffisamment texturé, charnu et concentré », pour développer tout le potentiel d’expression du lieu qui l’a vu naître.
Fidèle à l’idée pleine de bon sens, mais trop souvent oublié dans le vignoble chablisien de l’époque, que c’est à la vigne que se bâtit le vin, il va faire évoluer la viticulture vers une approche artisanale, très respectueuse du vivant. Finis les désherbants et autres pesticides, place au travail régulier des sols, généralisé dès le début des années 2000, sur les 12 hectares que compte le domaine. De même, l’enherbement hivernal est favorisé : les couverts végétaux participent de la régénération des sols, en améliorant l’assimilation des éléments organiques. En outre, ces pratiques vertueuses aident aussi à limiter ruissellement et phénomène d’érosions sur ces terroirs parfois très pentus.
En 2015, Jean-Claude est rejoint par son fils Romain, lui aussi passé par une première vie qui l’a conduit loin des vignes mais plutôt sur les scènes de concert : ingénieur du son et musicien de jazz, il revient finalement dans le berceau familial de La Chappelle-Vaupelteigne, pour mettre sa sensibilité au service de ce qui est devenu, au fil des années, un fleuron du vignoble chablisien. Les vignes occupent de très beaux terroirs, dont 2,5 hectares sur les premiers crus Montmains et Forest, idem sur Fourchaume (y compris la fameuse Pièce au Comte), ainsi qu’une superbe parcelle de près de deux hectares d’un seul tenant sur le Grand Cru Valmur.
Romain s’investit énormément dans les vignes et initie de nouvelles pratiques inspirées par la biodynamie, perpétuant un travail orienté vers le respect des équilibres du vivant. Préparations 500 et 501, tisanes de plantes, apaisantes ou dynamisantes, tout est fait pour favoriser la vitalité de la plante, son enracinement en profondeur, sa photosynthèse et, in fine, la capacité du raisin à transmettre les messages du terroir.
En cave, Jean-Claude et Romain se montrent de moins en moins interventionnistes, optant pour des vinifications les plus naturelles qui soient, sur levures indigènes, et des élevages longs, sur lies fines, pendant 18 mois pour les crus. Côté contenant, ils combinent cuves et fûts, en veillant à éviter le bois neuf : ici, on ne cherche pas l’apport d’arômes boisés exogènes mais juste à ce que l’oxygénation ménagée de la barrique souligne le relief naturellement texturé des vins, sans rien trahir de leurs origines et de leur éclat aromatique.
Fin 2022, le Domaine connaît un nouveau tournant : Jean-Claude Bessin part en retraite, tandis que son autre fils, Antoine, jusque-là chercheur en pharmacologie en Amérique du Nord, revient sur les terres familiales pour former un solide tandem avec son frère. Romain, plutôt à la vigne et Antoine, plutôt au commerce, entament alors un passionnant travail à quatre mains, en particulier au moment des vinifications pour lesquelles ils échangent beaucoup. Cette transition est aussi l’occasion de rebaptiser la propriété familiale qui devient le Domaine Bessin-Tremblay : leur mère, Evelyne Tremblay, qui a apporté une bonne partie des vignes qu’ils exploitent aujourd’hui, est toujours à leur côté.
Fort d’une collection de vieilles vignes, de superbes premiers crus et d’un prodigieux Grand Cru Valmur, Romain et Antoine font aujourd’hui rayonner leurs vins parmi le peloton de tête de ce qui se fait de mieux à Chablis, de plus enthousiasmant et de plus authentiquement ancré dans les terroirs. Des vins plein de vie et d’équilibre, qui racontent une histoire, un lieu et une sensibilité. La Revue du Vin de France ne s’y est pas trompée : elle n’a pas hésité à attribuer, l’an dernier, une troisième étoile à ce domaine aussi discret qu’essentiel, lui faisant ainsi rejoindre une poignée d’adresses mythiques comme Dauvissat ou Raveneau ! Excusez du peu.
Nous sommes particulièrement fiers de pouvoir vous faire découvrir, pour ce premier passage sur notre Route des Blancs, leur millésime 2022 : un millésime de chair et d’énergie, à la fois très expressif et ciselé dans les calcaires et les marnes kimméridgiennes. Aux antipodes du très arrosé et tardif prédécesseur, 2022 porte la marque d’une saison plutôt chaude et sèche, sans incident particulier à la vigne. Les Bessin ont choisi de vendanger assez tôt, à partir du 28 août, faisant de ce millésime un des plus précoces de l’histoire du domaine : ils ont ainsi pu ramasser des raisins restés assez petits, avec des peaux épaisses, parfaitement mûrs tout en ayant préservé cette fraîcheur, cette vivacité qui signe les grandes cuvées chablisiennes.
Découverts à l’automne dernier, et regoûtés voici seulement quelques jours, cette collection 2022 nous a emballés : concentration, vivacité, précision aromatique, texture, tension, persistance minérale, tout y est. Dans un équilibre qui frise la perfection et annonce des lendemains qui chantent ! Bravo.
Attention, les quantités sont très limitées. Ne tardez pas…
Joyau du Domaine, il est issu d’une superbe parcelle de 2 hectares, d’un seul tenant, sur l’Envers de Valmur au micro-climat plus frais et tardif. Imprégné d’une intense empreinte maritime, gorgé de fruits blancs, d’agrumes et de fruit de la passion, il se déploie, princier, dans un équilibre somptueux. Tellurique !
Avec Valmur, voici l’autre parcelle reine du Domaine : une très vieille vigne de 70 ans, située au cœur de la Fourchaume historique. Si l’on retrouve les marqueurs de ce terroir précoce, orienté au Sud-Ouest, tout ici se conjugue au superlatif. Le charme, l’intensité, la persistance : un très grand vin.
Cœur battant du vignoble familial, ce terroir historique aux maturités précoces donne des vins au charme fruité, au confort de bouche suave équilibré avec l’expression saline des marnes kimméridgiennes. Ce 2022, aux accents mellifères, aux saveurs de fruits jaunes relevées d’une intense empreinte épicée rayonne.
Comme Dauvissat ou Raveneau, les Bessin revendiquentr l’identité propre de ce petit cru de la rive gauche du Serein. Puissance et gourmandise d’un millésime précoce, énergie et vibration du terroir, finale excitante, animé de touches citronnées, anisées, et d’une empreinte empyreumatique : c’est un must
Il brille par sa délicatesse florale, sa fraîcheur iodée et le raffinement de son fruit. Un fruit parfaitement défini, gorgé de suc et d’énergie, qui sent bon la poire, la pêche blanche, le zeste d’orange et la crème de citron. Aérien, incisif et intense, animé d’un voile crayeux et d’une touche mentholée, il nous ravit.
Premier vin, premier coup de cœur : ce Chablis d’une incroyable complexité, parfaitement équilibré, gorgé de sucs et d’énergie, nous plonge avec délice dans le style Bessin-Tremblay, un style vrai et pur, au fruit rayonnant et dynamique, profondément imprégné des messages du sol. Imparable.