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La Taille aux Loups : le dernier millésime d'un seigneur

fin de la vente : 07/01/2024

En février dernier, nous avions clôturé une formidable dégustation du millésime 2022 encore en élevage, à Montlouis, avec Jacky et Jean-Philippe Blot, par l’annonce d’une très belle allocation pour la Route des Blancs (espérée depuis de nombreuses années!). Nous n’avions depuis qu’une hâte : vous faire découvrir, sur ce millésime rayonnant, l’extraordinaire collection de cuvées signées d’un des plus grands ambassadeurs du chenin ligérien, et surtout, d’un des vignerons les plus charismatiques du pays.

Malheureusement, nous avons compris en mai dernier que la fête ne serait jamais celle que nous avions imaginée :  comme de nombreux amateurs de par le monde, et des générations entières de vignerons qu’il a inspiré, nous apprenions avec effarement la disparition de cet homme truculent, passionné et flamboyant, emporté par un cancer foudroyant. Nul doute cependant qu’il aurait souhaité que ses vins conquièrent encore de nouveaux palais… Car, comme il le disait à son fils peu avant sa disparition, « l’aventure du chenin ne fait que commencer ».

Difficile de résumer 75 ans d’une vie de passion, d’engagement et de liberté en quelques lignes. Nous allons tout de même nous y essayer. Natif d’Ille-et-Villaine, ce fils d’ouvrier agricole ne se prédestine aucunement à la vigne, lui qui grandit à Fougères, dans ces terres bretonnes d’élevage et de cultures maraîchères. Epris de liberté, amoureux de sensations fortes et doté d’un caractère bien trempé, il quitte tôt son port d’attache et s’engage dans l’armée, comme parachutiste. Il y restera une dizaine d’années : s’il y apprend rigueur, organisation et sens du détail, il y éprouve également son charisme et sa capacité à convaincre les autres de le suivre. Un trait de personnalité qui lui sera bien utile par la suite.

C’est un peu par hasard qu’il découvre le vin, à la fin des années 1970 au côté de son demi-frère, amateur de bonne chère et de beaux flacons. Avec la faconde qu’on lui connaît, Jacky va rapidement convaincre plusieurs domaines viticoles de lui confier la commercialisation de leurs vins. Il plonge dans ce milieu avec succès, et devient rapidement un courtier en vins incontournable. Il sillonne les vignobles, et en particulier la Bourgogne, son autre région de cœur dont il admire les crus et qui l’inspirera tout au long de sa carrière.

A la fin des années 1980, à force de goûter et de vendre le vin des autres, il se décide à franchir le Rubicon pour tenter d’écrire sa propre histoire. Avec son épouse, Joëlle, il jette alors son dévolu sur le village de Montlouis, et son vignoble encore balbutiant qui vit dans l’ombre du voisin d’en face, Vouvray, sur l’autre rive de la Loire. Le tout jeune Domaine de la Taille aux Loups ne compte alors que 7 hectares. Mais, déjà, « Jacky sait le vin qu’il veut faire », comme le dit son voisin François Chidaine, devenu l’autre figure emblématique de Montlouis. Une vision qu’il va s’employer à mettre en œuvre avec le jeune et fidèle Christophe Mesliand qui travaillait déjà ces vignes pour le compte du précédent propriétaire.

Les débuts ne sont pas faciles : il y a d’abord la nature qui ne les ménage pas. 1989 et 1990 voient les vignes rapidement envahies par le botrytis, ne laissant pas d’autre choix que de vinifier des liquoreux, puis 1991 avec son gel dévastateur qui détruit toute la récolte, puis 1992 avec une année très arrosée et des maturités qui n’arrivent pas à aller au bout… A cela s’ajoute la défiance d’un voisinage qui ne voit pas toujours d’un bon œil l’arrivée de cet « étranger », aux envies iconoclastes et au verbe haut. Mais il en faut plus à Jacky pour se décourager. Bien au contraire, il décide dès 1993 de tenter deux expériences qui vont totalement rebattre les cartes de l’identité des vins de la région et poser les jalons d’un parcours exceptionnel.

Dans ce vignoble où les moelleux et les bulles sans saveurs dominent le paysage de l’époque, il a d’abord cette idée de vinifier de grands blancs secs, à la Bourguignonne, « comme un Corton-Charlemagne ou un Premier Cru de Puligny-Montrachet » pour reprendre ses mots : intimement convaincu de la qualité exceptionnelle des terroirs calcaires de Montlouis et de la capacité du chenin à être un merveilleux messager du sol, il décide d’opter pour des élevages longs, en barriques bourguignonnes, avec un important travail sur les lies pour donner volume et relief à des jus naturellement frais et ciselés. Autre choix déterminant : « faire des bulles sans tricher » ! 30 ans avant que ces vins n’envahissent tous les vignobles ou presque, Jacky imagine son premier « pét’ nat’ », une bulle de chenin avec zéro chaptalisation, zéro liqueur de tirage et zéro liqueur d’expédition. Mais juste un fruit mûr, sain et équilibré, un vrai terroir, de la précision et un peu de patience… Son Triple Zéro est né, une cuvée devenue mythique qui rivalise par son énergie et son élégance avec bien des Champagnes…

Créatif et entreprenant, Jacky l’est resté tout au long d’un parcours exemplaire qui lui a permis d’étendre son domaine sur les meilleurs terroirs de Montlouis et Vouvray : on pense bien sûr à ces superbes Clos Michet et Clos de Mosny, grandes parcelles entièrement ceintes de murs en pierre, mais aussi, sur l’autre rive, au Clos de Venise par exemple, un des terroirs iconiques de Vouvray. Conscient que l’essentiel du vin se fait à la vigne, il adopte rapidement les principes d’une culture biologique, respectueuse du vivant et de l’équilibre des sols. Il abandonne progressivement les clones pour se concentrer sur des sélections massales qui permettent une plus grande diversité génétique dans les vignes et, in fine, une bien meilleure résilience. Il fait également évoluer la taille dans l’optique de limiter naturellement les rendements et d’éviter les vendanges en vert. Il introduit très tôt la pratique du tri en bout de rang : seul un raisin parfaitement sain et mûr a sa place dans la cuverie ! Au final, les rendements moyens ne dépassent jamais 35 hectolitres par hectare.

La suite se déroule dans la fraîcheur des impressionnantes caves creusées directement dans le tuffeau, au bas d’une falaise de près de 30 mètres ! Tout est fait par gravité et les vinifications en barriques s’inspirent des meilleures pratiques bourguignonnes, que les Blot père et fils ont eu la chance d’observer chez des amis de longue date comme Jean-François Coche, dont Jacky admire le travail depuis longtemps. Vinification parcellaire, choix de la futaille, fermentation lente, à basse température, bâtonnage et travail sur les lies, autolyse, rien n’est laissé au hasard pour obtenir ce style emblématique devenu la signature de la Taille aux Loups : un style où la fraîcheur, la tension et la délicatesse naturelle du chenin s’associent à une dimension plus texturée, un relief et une gourmandise parfaitement identitaires.

Les Blot ont pensé l’avenir et la transmission sur un temps long, pour un passage de relais serein. Jean-Philippe, le fils de Jacky et Joelle, est revenu au domaine des 2006, après sa « viti-oeno » et quelques expériences de vinification à l’étranger et dans le Bordelais. Pendant 6 ans, il est en charge du commerce des vins du Domaine (n’oublions pas que son père avait lui-même commencé par la vente). L’occasion de voyager et surtout de beaucoup goûter, une façon de se faire à son tour son idée du grand vin et de parfaitement comprendre ce que les clients aiment dans les blancs de la Taille aux Loups. En 2012, il rejoint son père à la vigne et en cave : un passionnant travail à quatre mains débute alors, jusqu’à ce que Jacky prenne progressivement du champ à partir de 2017. Comme le disait Raphaël Coche, fidèle ami de la famille, dans un article récemment paru dans le journal Le Monde, « c’est bien l’ADN de Jacky qui coule dans les veines de Jean-Philippe ». Dans les pas de son père, Jean-Philippe porte haut l’étendard d’un domaine devenu iconique, et fait évoluer par petites touches subtiles le style maison : aussi a-t-il introduit, en phase avec son père, des malolactiques partielles sur certaines cuvées, à partir de 2018, ou encore diminué la part de fûts neufs (à environ 15% en moyenne) tout en intégrant, pour les vins moelleux, des contenants plus grands.

Nul doute qu’ici, l’avenir est assuré : il fallait entendre Jean-Philippe et son père nous parler d’une seule voix, en février dernier, de la réussite du millésime 2022, avec l’émotion et la sincérité de ceux qui n’ont rien perdu de leur capacité à s’enthousiasmer pour la magie du chenin et la qualité des terroirs de Montlouis et Vouvray.

Un millésime de très haut vol, d’éclat généreux, de précision et d’énergie qui couronne de la plus belle des façons le destin exceptionnel du regretté Jacky Blot et conforte la place au sommet pour cette adresse ligérienne emblématique.

Le dernier millésime d’un Seigneur du vignoble !

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  • Chantre des grands chenins secs ou pétillants, Jacky Blot n’a jamais oublié la tradition locale des vins moelleux. Ce Romulus de tous les superlatifs montre tout son talent pour magnifier le chenin botrytisé : un monument de complexité, un étourdissant tourbillon d’arômes et de saveurs qui le place sur la carte des plus grands liquoreux du pays.

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  • Autre cuvée emblématique, ce Clos de Venise exploité en monopole est une pure merveille. Issu d'un terroir exceptionnel, entre fines couches d’argiles à silex et calcaire affleurant, ce chenin d’harmonie, de finesse et d’énergie pure nous enchante. C’est l’Allegro con brio de la Septième de Beethoven ! Il vous hisse au sommet.

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  • Ce parcellaire, taillé dans la craie d’un grand terroir vouvrillon, en première côte, brille parmi l’élite des grands chenins de Loire ! Intense et raffiné, avec son élégance et sa gourmandise incomparables, il ravit nos papilles.  Profond, complexe, d’une pureté cristalline, il vibre de son empreinte calcaire ciselée.

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  • Cuvée-phare du Domaine issu de vignes quasi-centenaires, le parcellaire des Hauts de Husseau brille d’un éclat incomparable. Ciselé, intense et incroyablement concentré, il nous fait voyager entre fraîcheur bucolique aux accents mentholés, douceur d’un fruit séveux, empreinte empyreumatique et épicée. Un flacon au sommet !

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  • Ce jus en cavalcade est d’une énergie folle ! On est conquis par la douceur d’arômes champêtres de blé mûr, avant d’être saisi par sa fraîcheur chlorophyllienne et son fruit frais mêlant poire, coing, abricot, ananas, rhubarbe ou fruit de la passion. Un vin éclatant de pureté, porté par une allonge saline très pure. Superbe.

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  • Intense, racé, ce parcellaire est issu d’un terroir calcaire plus solaire. On se régale de sa complexité aromatique, au fruit mûr et éclatant. Gourmand et tonique, d’une précision rare, il offre une belle densité de bouche, tendue par une acidité mûre aux accents d’agrumes, et une finale crayeuse élancée.

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  • Véritable ambassadeur d'un style souvent imité, jamais égalé, Remus brille en 2022 d’un éclat et d’un équilibre magistraux. Animé d’une empreinte calcaire lumineuse, de l’énergie des agrumes et du gingembre, il nous régale d’une matière fuselée gorgée de fruits blancs. Il ouvre en fanfare ce somptueux millésime 2022.

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  • Ce Pétillant naturel rosé, issu de très vieilles vignes de gamay, offre un profil frais et lumineux. Il associe sa densité gourmande avec une belle énergie. Les saveurs de fruits rouges juteux, d’agrumes confits, de brioche et de cassonade nous régalent. Son allonge fuselée est remarquable. Un délice, friand et tonique.

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  • Zéro chaptalisation, zéro liqueur de tirage et zéro liqueur d'expédition : c’est la formule gagnante de l’emblématique cuvée Triple Zéro par le maestro des pétillants naturels ! Cette bulle complexe, élégante et toujours gourmande offre un rapport prix-plaisir incroyable, laissant loin derrière bien des champagnes. Iconique.

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