Ce fut pour nous une véritable révélation, l’an dernier, lorsque nous avons découvert son millésime 2020 : avec cette superbe collection 2021, issue pour le première fois des vignes qu’il a récupéré après un partage familial, Benoît Moreau confirme qu’il a toute sa place parmi l’élite de la Côte de Beaune. Ses vins profonds, précis, animés d’une énergie communicative, d’un souffle qui transcende leurs nobles origines, se placent d’emblée parmi les plus brillantes réussites de ce millésime aussi rare que convoité.
Bien sûr, Benoît Moreau, tout nouveau soit-il sur la « scène » des solistes virtuoses de la Côte d’Or, est loin d’être un inconnu. Les amateurs avisés auront certainement déjà reconnu une moitié de la fratrie aux commandes du très respecté Domaine Bernard Moreau, superbe propriété familiale de Chassagne-Montrachet dans laquelle Benoît travaillait depuis la fin des années 1990 au côté de son frère aîné Alexandre. Au fil des années, Benoît s’est forgé ses propres convictions, à la vigne comme au chai, et c’est en 2019 qu’il décide de franchir le rubicon et de voler de ses propres ailes.
Une décision mûrement réfléchie, qui lui laisse le temps de se donner les moyens de ses ambitions en construisant une cuverie moderne et fonctionnelle à la sortie de Chassagne-Montrachet, sur la route de Santenay. Après s’être « fait la main » l’année dernière, en vinifiant quelques cuvées issues de raisins fournis par une poignée d’amis vignerons, Benoît nous présente aujourd’hui pour la première fois le fruit de ses propres vignes. Après un partage familial, il est aujourd’hui à la tête d’environ 4 hectares, comptant une importante proportion de vieilles vignes, situés sur quelques-uns des plus beaux terroirs de Chassagne-Montrachet, comme Grandes Ruchottes, Chenevottes, Cardeuse ou Fairendes.
Des vignes qu’il bichonne depuis longtemps déjà, en appliquant une philosophie guidée par le respect de l’identité vivante du terroir : viticulture biologique, pratiques bio-dynamiques, préservation des équilibres et de la vie des sols, en particulier par une gestion habile des couverts végétaux, adoption de techniques de tailles plus douces et recours au tressage dans certaines parcelles afin d’éviter le traumatisme du rognage… autant de pratiques que Benoît entend bien généraliser aujourd’hui, au sein de son petit domaine conduit avec la même précision qui règne dans un atelier de Haute-Couture.
Côté vinification et élevage, Benoît privilégie une approche tout aussi authentique, cherchant à préserver l’expression et l’énergie pure du fruit, du sol et du lieu : ici, point de correction technique ni d’artifice oenologique mais le culte de la juste maturité et du temps long. Après un foulage léger et un pressurage lent, Benoît fait confiance aux levures indigènes pour ses fermentations. Il bâtonne peu et n’abuse pas du bois neuf. Côté contenant, il panache habilement, selon l’identité de chaque cuvée, des traditionnelles pièces bourguignonnes et des demi-muids plus grands. Un élevage qu’il prolonge 16 à 18 mois pour l’ensemble de ses cuvées, y compris le Bourgogne, d’abord en fûts pendant un an, puis en cuves pendant quelques mois supplémentaires. Ce deuxième hiver d’élevage permet au vin de regagner en tension et de parfaire ses équilibres naturels.
Bien sûr, 2021 n’était pas l’année la plus facile pour se lancer dans le grand bain. Mais Benoît sait d’expérience, qu’à la vigne, c’est la nature qui commande. Le gel d’avril a fait beaucoup de dégâts, surtout sur les crus de coteau, ses parcelles de Bourgogne et Chassagne-Montrachet village s’en tirant plutôt bien en termes de rendements. Benoît a ensuite dû redoubler d’efforts à la vigne pour accompagner efficacement les pieds qui avaient le moins souffert mais aussi les reprises de bourgeons plus tardifs. Le temps frais et humide du printemps et d’une bonne partie de l’été ne lui a pas facilité la tâche, entraînant une forte pression des maladies cryptogamiques. Il a fallu être très réactif, tout au long de la saison, pour lutter efficacement contre mildiou et oïdium. Mi-août, la météo a fini par s’améliorer pour revenir à des conditions plus sereines et un temps plus sec, chaud et ensoleillé, qui a permis aux maturités de reprendre leur cours. Les vendanges ont démarré le 23 septembre, pour se terminer dans les tout premiers jours d’octobre ! Un calendrier qui peut surprendre aujourd’hui mais qui rappelle finalement des millésimes plus anciens, courants jusqu’aux années 1990, à une époque où ces maturités tardives étaient la norme en Bourgogne.
Lorsque nous avons découvert en octobre dernier cette superbe collection de crus du millésime 2021, nous avons été frappés par l’impression de sérénité, de précision et d’équilibre souverain qui se dégageait de chaque vin. Il y a là tout ce que l’on aime : de la profondeur et du relief, une identité marquée par chaque terroir, des aromatiques expressives, aux contours toujours élégants, et surtout, une énergie interne qui vous transporte, une énergie jamais démonstrative mais franchement conviviale, réjouissante même. Nul doute que nous avons affaire ici à un vigneron accompli, parfaitement sûr de ses choix, qui n’a pas fini de faire parler de lui. Comme l’écrit le critique William Kelley, du célèbre Wine Advocate : « Du jour au lendemain, une nouvelle étoile est apparue au firmament de Chassagne ». Pour notre plus grand bonheur.
C’est exceptionnel, c’est pratiquement introuvable et c’est sur la Route des Blancs !
Précision pour les amateurs : pour la cuvée Grandes Ruchottes, issue de très vieilles vignes, Benoît a décidé d’en prolonger l’élevage. Elle ne sera disponible que l’année prochaine.
Ce rarissime Cardeuse blanc, exploité en monopole, est un des joyaux de ce petit Domaine à l’esprit « Haute-Couture ». Issu d'un îlot de chardonnay planté par le grand-père de Benoît sur une veine calcaire au coeur de ce Clos dévolu au pinot noir, il vibre d'une minéralité incandescente qui lorgne du côté d'un Meursault-Perrières. Immense
Autre cuvée-phare de ce jeune Domaine incroyablement enthousiasmant, ce 1er Cru Les Fairendes, situé dans la partie haute du climat qui touche les Grandes Ruchottes, transcende l’identité calcaire du substrat qui l’a vu naître, pour donner ce jus vertical, à l’aromatique complexe et l’énergie étincelante. Un vin intense, d'une classe folle.
Cette vieille vigne située sur un sol léger et aérien de "poussière de roche" donne de petits raisins très concentrés. Ce Chassagne offre un équilibre prodigieux entre sensualité enveloppante, énergie et fraîcheur. Sa percussion minérale, l’intensité de sa finale, sa profondeur et sa vibration, lorgnent du côté des Grands Crus voisins. Impressionnant...
Benoît tire le meilleur de ces deux parcelles de vieilles vignes à l'identité affirmée, la première sur des sols minces et caillouteux, la seconde sur un substrat plus argileux. Entre volupté florale, énergie des agrumes, du romarin et de la baie de genièvre, gourmandise de la poire Williams et du coulis de pêche, cette Maltroie pierreuse tutoie les...
D'une précision virtuose, ce 1er cru Champs Gain est porté tout du long par une énergie prodigieuse. La fraîcheur primesautière des herbes fines mentholées et des agrumes s'équilibre avec le charme crémeux et enveloppant des coulis de fruits blancs et jaunes, du miel, du jasmin et de l'amande. Avec sa longue finale saline, il nous emmène loin.
Enorme coup de coeur pour ce parcellaire confidentiel, issu d'une vieille vigne sur la partie haute du climat, à quelques mètres de Vide-Bourse et du Grand Cru Criots-Bâtard. Ses équilibres sont somptueux : dense, fuselé, s’enroulant autour d’une splendide acidité scintillante et d'une arête minérale verticale, il pénètre au plus profond de notre...
Ce bourgogne charnu et sensuel, exclusivement issu du finage de Chassagne, est élevé avec le même soin que les crus, pendant 16 mois. Il offre une impressionnante palette aromatique entre notes florales puissantes, poire, menthe, baie de genièvre et agrumes juteux. On croque dans une matière fuselée, tendue, soutenue par un boisé d’une rare élégance.
Assemblant les raisins de 8 petites parcelles, ce Chassagne-Montrachet raffiné et pénétrant s’appuie sur la diversité des terroirs de la célèbre appellation pour en révéler une identité toute en nuances. Il brille d'un bel éclat lumineux entre fruits d'été, amande, crème Anglaise, pomme d'Amour, citron vert, fleurs blanches et épices. Un must.
La parcelle des Champs Gain, riche en argiles, voient les racines de vignes de soixante-dix ans puiser dans la roche-mère l'identité profonde du terroir. Il confère à ce vin une tension, une minéralité d’une exceptionnelle finesse. Entre sensualité et fraîcheur, cette première lecture des Champs Gain par Benoit Moreau fera date.
La synthèse d’une parcelle à dominante calcaire, en allant vers Puligny et d’une vigne à fort taux d’argile, plus près du centre du village de Chassagne, donnent à ce vin une tension et une densité exceptionnelles. L’élevage subtil préserve cet équilibre parfait, ainsi que la sapidité gracile et sensuelle de ce magnifique 2020. Indispensable...
Fascinant de puissance contenue, de profondeur et de complexité, ce magnifique Bâtard-Montrachet honore son terroir. La position des vignes dans la partie haute du Cru, côté Chassagne, renforce encore son intensité et sa vibration minérale qui pénètre au plus profond de nos sens. Ce géant aura besoin d'au moins 5 ans pour déployer ses ailes.
Issu du finage de Pernand avec son substrat de calcaires délités, ce Corton offre un profil à l'aromatique expressive et sensuelle, autour d'un noyau succulent de fruits blancs, de pêche beurrée et de fruit de la passion. En bouche, l'identité du terroir s'affirme, avec sa trame acidulée et ses fins amers stimulants. Intense, furieusement vivant !
Immense réussite pour ces Combettes d'une classe folle et d'une énergie interne proprement fascinante. Habité par une irrésistible grâce florale, le vin regorge d'un fruit frais et gourmand, plus vrai que nature. Dense et texturé en bouche, il se montre incroyablement actif et semble avoir traversé la roche avec la précision d'un laser. Somptueux !
Une rareté absolue, issu de ce petit climat lové contre le Chevalier-Montrachet. D'une concentration phénoménale, porté par un élan minéral aux accents salins et épicés, il nous fait chavirer de bout en bout, avec son volume de fruit considérable et sa trame rocailleuse accrocheuse, qui excite méthodiquement chaque papille. Digne d’un Grand Cru !
A partir de vignes du Nord de ce cru historique, dans sa partie la plus calcaire, Benoît signe un vin de grande envergure, à la palette aromatique nuancée, voluptueuse, rafraîchie par un souffle anisée et des notes de zestes d'agrumes. Son généreux noyau fruité se resserre autour d'une trame pierreuse vibrante. Grand vin pour une cuisine sensuelle.
Avec son substrat très calcaire, ce 1er Cru Les Fairendes illumine le millésime de sa minéralité scintillante et raffinée. Entre délicatesse florale, fraîcheur du cerfeuil, de la verveine et du gingembre, et fruité pulpeux, il séduit par sa complexité et son équilibre magistral. Concentré mais vertical, sensuel mais tonique, il invite au partage.