Impossible de s’intéresser aux grandes expressions du riesling mosellan sans s’arrêter (longuement !) chez Clemens Busch, vigneron iconique et visionnaire qui, depuis son pittoresque village de Pünderich, a largement renouvelé la viticulture mosellane. Dès le début des années 1980, il a donné ses lettres de noblesse à une approche biologique et bio-dynamique du travail à la vigne et s’est fait le chantre du respect absolu de l’identité de chaque terroir, à travers des vinifications parcellaires qui ont fait sa renommée.
Source d’inspiration pour une génération entière de vignerons, Clemens a pourtant débuté très modestement, dans les pas de son père. Il n’a que 17 ans en 1974 lorsqu’il commence à travailler dans la petite propriété familiale de Pünderich, village des bords de Moselle idéalement situé face à l’impressionnant vignoble du Marienburg, sur la rive opposée, qui marque le début des fameux (et vertigineux!) vignobles en terrasse de la moyenne Moselle.
Comme la plupart des vieilles familles locales, les Busch, installés ici depuis le 17ème siècle, pratiquaient la polyculture, leur permettant d’être auto-suffisants : quelques vignes sur les coteaux escarpés de la rive opposée au village, mais aussi des légumes, des pommes de terre et des têtes de bétail profitant des terres en pente douce bien plus faciles d’accès et plus fertiles, à la sortie de Pünderich. Pourtant, le grand-père de Clemens fait déjà preuve d’une certaine audace : dès le début des années 1920, il décide de se consacrer exclusivement au vin, et se forge rapidement une bonne réputation dans la région de Rhénanie-Palatinat et au-delà. Après la fin de la seconde guerre mondiale, l’économie allemande est à terre et il faut repartir de zéro. Les Busch persistent cependant dans leur volonté de faire leur propre vin, à un moment où la plupart des jeunes villageois choisissent plutôt de partir à l’usine.
Clemens rejoint son père au milieu des années 1970. A l’époque, leur vignoble est à la fois minuscule et très morcelé : il compte une petite vingtaine de parcelles pour un total dépassant à peine deux hectares. La suite est une succession d’intuitions visionnaires et de coups de génie de la part du jeune Clemens Busch. Très vite, il décide de se passer des herbicides, pas franchement par idéologie mais plutôt par une sorte de bon sens paysan qui l’empêche d’admettre qu’il faudrait se passer des herbes et des fleurs dans la vigne alors qu’elles y poussent naturellement. Sur le mode : « Si elles sont là, c’est qu’il doit bien y avoir une raison »… Au fil du temps, il s’intéresse toujours davantage à la vie des sols. Il remarque qu’après quelques années sans traitement chimique, l’humus est davantage présent dans les vignes, fertilisant naturellement les sols. Dès les années 1980, avec une poignée d’autres vignerons, il affine cette démarche tournée vers une culture biologique profondément respectueuse de l’environnement : place aux décoctions de plantes aux vertus fongicides et autres tisanes dynamisantes, place aux couverts végétaux et à l’aération naturelle des sols.
Autre intuition géniale : à contre-courant de l’immense majorité de ses confrères qui abandonnent, à partir des années 1970 et surtout dans les années 1980, ces terrasses vertigineuses où le travail de la vigne relève du sacerdoce, Clemens décide d’acquérir les meilleures parcelles au cœur du coteau historique du Marienburg. La jeune génération choisit de s’installer dans la plaine, heureuse de pouvoir pratiquer une viticulture mécanisée, en plantant des cépages productifs qui ont alors le vent en poupe (comme le pinot blanc). Peu lui importe, Clemens se concentre sur les vignes abandonnées, souvent les plus escarpées et difficiles d’accès, et se focalise sur le seul cépage qui vaille à ses yeux, le riesling. La difficulté ne lui fait pas peur : au contraire, elle le stimule !
A force d’un travail titanesque, portée par des convictions inébranlables, la famille Busch exploite aujourd’hui pas moins de 16 hectares sur les 25 que compte le coeur historique du Marienburg. Plus encore, à l’heure où les autorités locales ont décidé d’unifier les anciennes appellations cadastrales sous une seule et même bannière (« Marienburg »), censée être plus « vendeuse », et qu’elles ont étendu la zone d’appellation aux vignobles de plaine bien moins qualitatifs, Clemens s’est attaché à faire vivre une vision parcellaire, finement discriminée de ces formidables terroirs, dont la qualité est reconnue depuis des siècles.
Les vertigineuses pentes du Marienburg abritent en effet une véritable mosaïque de terroirs à l’identité distincte : avec des vignes situées au cœur de ce véritable millefeuille de sols de schistes altérés (entre ardoises rouges, ardoises grises et ardoises bleues) et de micro-climats, Clemens a parfaitement compris l’intérêt de vinifier chaque parcelle séparément. Encore une fois, la suite lui a donné raison, tant ses rieslings parcellaires Rothenpfad, Fahrlay, Falkenlay, Raffes ou Felsterrassen offrent aujourd’hui des profils racés et si distincts, qui font l’admiration de toute la planète vin !
Tout au long de ce parcours aussi singulier qu’inspirant, celui qui passe aujourd’hui progressivement la main à son fils cadet, Johannes, n’a jamais dévié de sa quête : sublimer l’extraordinaire capacité du riesling à exprimer ses origines avec finesse et intensité. La pureté, toujours la pureté. Une recherche qui se poursuit bien sûr à la cave où rien ne doit altérer le message que la nature nous envoie à travers le vin : des macérations pelliculaires assez longues, jusqu’à 48 heures, des pressurages doux et très délicats, des fermentations totalement naturelles, sur levures indigènes, et surtout, de longs élevages sur lies, pouvant aller jusqu’à 3 ans pour les fameuses mais confidentielles cuvées « Reserve ». Clemens privilégie les foudres mosellans traditionnels de 1000 litres, où le vin trouve son équilibre et révèle peu à peu sa complexité hors du commun. Ni filtration, ni collage, le strict minimum de soufre, juste pour éviter toute déviance aromatique. Tel est le credo de Clemens Busch, figure désormais iconique d’une viticulture naturelle et bio-dynamique.
Il ne nous reste plus qu’à vous laisser découvrir ceux qui racontent le mieux la recherche et l’état d’esprit de la famille Busch : leurs vins ! Des rieslings qui comptent parmi les expressions les plus intenses, authentiques et complexes du riesling mosellan, des vins à la fois puissants et verticaux, toujours vivants, habités par une énergie qui nous dépasse et nous transporte. Embarquez avec nous pour un voyage extraordinaire avec un des musts absolus de la viticulture allemande, sur une série exceptionnelle de millésimes, entre 2018 (avec de mémorables et rarissimes sélections tardives botrytisées) et 2022 ! Mentions spéciales à deux bijoux parcellaires, Felsterrasse et Raffes, sur l’exceptionnel millésime 2021, qui flirtent avec le score parfait dans la plupart des guides de référence…
Rare sélection de grains nobles issue d’une vigne centenaire sur ce prodigieux terroir d’ardoises bleues. Véritable concentré de fruit aux parfums envoûtants d’abricot et mirabelle confits, de pâte d’amande, de mangue, d’ananas rôti, de citronnelle, de pâte d’amande ou de tarte au citron, c’est aussi une fascinante « liqueur de roche ».
Une vendange tardive absolument renversante. Ce riesling de sols d’ardoises grises est gorgé de fruits à noyau confits, de goyave, de saveurs gourmandes de pâtisseries au miel et à la cannelle, et animé d’une tension minérale vibrante. Confondant de justesse, il joue une partition complexe entre puissance et délicatesse. Imparable !
Ces vignes centenaires donnent un vin imprégné d’une minéralité tendre, à la grâce et l’énergie rayonnantes. Tout respire l’harmonie, entre herbes fines, poussière de roche, réglisse, violette, eucalyptus, gazon coupé, thé matcha, poire Williams, coulis de pomme, citron vert, pomelo, kiwi ou gingembre. Un jus d’une folle élégance.
Ce terroir escarpé aux sols de rhyolites et d’ardoises rouges donnent au riesling une expression singulière, entre élégance florale, fraîcheur herbacée et une intensité épicée renversante. Concentré, sophistiqué et pénétrant : voici un modèle de grand riesling de coteau mosellan, à ne rater sous aucun prétexte.
Avec ce parcellaire, Clemens Busch signe un vin de lieu irrésistible. Empreint de minéralité, marqué par son sol d’ardoises rouges, ce « Nonnengarten » joue sur plusieurs tableaux pour mieux nous séduire, entre volupté, énergie et tension. Parfums grésillants des agrumes, douceur lascive des fruits confits, relief épicé : on adore.
Sur cette parcelle de très vieilles vignes conduites en échalas sur des terrasses caillouteuses, Clemens isole les plus beaux raisins pour élaborer sa confidentielle cuvée Reserve, à l'élevage prolongé trois ans. Un Riesling à la pureté immaculée, imprégné d’une intense minéralité aux contours marmoréens. Un diamant aux mille nuances.
Immense réussite pour cette cuvée confidentielle issue de vieilles vignes non greffées, dominant Falkenlay. Un grand riesling vertical et dense, à l’élégance princière. Son raffinement aromatique entre pierre concassée, fleurs blanches, citron vert, fruits à noyau et herbes à tisane, n’a d’égal que la précision de ses contours. Grand.
Les vieilles vignes surplombant Falkenlay, entourées de blocs de roche et de forêt, ont donné ce vin concentré, profond, d’une complexité saisissante. Les ardoises claires, traversées de veines ferrugineuses, apportent une vibration minérale, une énergie épicée hors du commun. Un chef d'oeuvre sur un millésime d’anthologie.
Cette cuvée confidentielle issue de vieilles vignes non greffées, dominant Falkenlay, s’illustre par sa verticalité et son élégance princière. Après un 2018 terriblement sensuel, ce 2020 est un modèle de verticalité et de raffinement aromatique mêlant agrumes, herbes fines, fleurs des champs et de nombreux fruits frais qui jaillissent de la roche....
Cette parcelle de vieilles vignes non greffées, dominant Falkenlay, donne de petits raisins qui révèlent l'identité des sols d'ardoises grises avec une intensité et une profondeur peu commune. Ce 2018 aux accents camphrés, schisteux et orientaux déploie une matière incroyablement séveuse et nourrissante. Entre épices et fruits rôtis, c’est un délice.
Un grand millésime conjugué à une vendange tardive parfaitement maîtrisée ont permis d’élaborer cet Auslese de classe mondiale. La concentration exceptionnelle des raisins issus de sols d’ardoises bleues sur ces arpents presque impraticables n’occulte jamais la fraicheur et l’acidité scintillante d’un fruit qu’on croirait à peine cueilli.
Sur cette parcelle identitaire de très vieilles vignes conduites en échalas sur de fines terrasses caillouteuses, Clemens isole les plus beaux raisins pour élaborer sa confidentielle cuvée Reserve, à l'élevage prolongé pendant plus de deux ans. Un Riesling d'une ampleur considérable, intense, fuselé, qui résonne au plus profond du plexus. Enorme !
Un relief impressionnant pour un vin imposant. Les très vielles vignes surplombant Falkenlay, entourées de blocs de roche et de forêt, donnent un vin extrêmement concentré, profond, d’une complexité saisissante. Les ardoises claires, traversées de veines ferrugineuses, donnent à ce Riesling une intense vibration minérale. Un sommet.
Ces vignes centenaires non greffées donnent un vin au profil incroyablement frais, aérien, à l’énergie rayonnante : tout respire la joie et l’harmonie, entre herbes fines gorgées de chlorophylle, pomme Granny pimpante, citron vert, pamplemousse et kiwi, éclairés d’un halo scintillant de poussière de roche. Un mariage parfait de grâce et d’intensité....
Ce vin révèle ce paysage escarpé et romantique. Les vieilles vignes sur les sols d’ardoises rouges donnent ce riesling d’une incroyable justesse aromatique, illustrant avec brio l’identité de ce grand millésime mosellan. Herbacée, épicée et tonique, la bouche se révèle particulièrement pure, dense mais effilée par sa vibration saline.
Ce parcellaire est issu d'une vigne plantée en 1980 sur des sols d'ardoises rouges. On aime son équilibre entre la fraîcheur des herbes mentholées, l’énergie piquante des agrumes et des épices (wasabi, réglisse, gingembre) et la tendre maturité de la poire Williams, de la pêche et de la gelée de coing. Juteux, sapide, un vin de plaisir !
Superbe vendange tardive issue du coeur historique du Marienburg avec ses fameux sols profonds d’ardoises grises : sa complexité aromatique, versatile, puissante, poétique, lui donne un air "wagnérien". En bouche la douceur sensuelle des coulis de fruits s’équilibre à merveille avec l’acidité stimulante des agrumes confits et une empreinte saline.
Ce Marienburg Kabinett dégage une sensation de grand raffinement et de pureté lumineuse. Passée une première touche minérale, évoquant les éclats de roche scintillants, on entre dans un univers chatoyant, plein de vie et d’ondes positives. Entre fruité doux et lascif, fraîcheur herbacée et énergie des agrumes pimentés, c'est un délice.
Cette parcelle de vieilles vignes non greffées, dominant Flakenlay, donne traditionnellement des raisins petits et concentrés, permettant de révéler l'identité des sols d'ardoises grises avec une intensité peu commune. Puissant et vertical, frais et aérien au nez, particulièrement séveux en bouche, c'est la quintessence du grand Riesling mosellan.
Cette superbe parcelle de vignes centenaires non greffées offre la quintessence du grand riesling sur un rare sol d'ardoises bleues très dures. Résolument "yang", le vin nous plonge dans la densité rocheuse. Sa profondeur fruitée, tellement gourmande, n'a d'égal que sa tension minérale, ciselée avec une incroyable précision. Monumental !
Coeur historique du Marienburg avec ses fameux sols profonds d’ardoises grises, ce parcellaire se révèle particulièrement sensuel, mystérieux et poétique. Entre volupté caressante des coulis de fruit, élégance florale et percussion minérale d'une intensité vibrante, ce Falkenlay nous emporte dans un sentiment de plénitude. Superbe.
Ce Riesling sec met à l'honneur les sols d'ardoises grises et nous donne un bien bel aperçu de la réussite du millésime 2020 chez Clemens Busch. Incroyablement frais, entre verger en fleur, chlorophylle et agrumes, gorgé d'un fruit pur et savoureux, il est porté par une arête minérale aux accents salés. Un rapport prix-plaisir hallucinant !
Considéré par les anciens comme l'un des meilleurs terroirs du Marienburg, ce Rothenpfad aux sols caillouteux de rhyolithes et d’ardoises rouges donnent au riesling une expression intense et singulière, mêlant des notes herbacées avec une myriade d’épices qui semblent avoir été libérées par la roche. Intense, concentré et pénétrant : grand.
Ce Riesling parcellaire est issu d'une vigne plantée en 1980 sur des sols d'ardoises rouges, en limite du Marienburg. Au nez comme en bouche, épices, herbes fraîches, fruits blancs et fruits à noyau virevoltent autour d'un écrin minéral d'une grande finesse. Sûr de ses équilibres, souple et sapide, ce Nonnengarten offre beaucoup de plaisir.