C’est en 1985 que Peter Fischer, descendant d’une famille d’industriels allemands de la région de Baden-Baden, décide de poser ses valises sur les hauteurs de Jouques, petit village niché au milieu des bois de chênes verts et autres genévriers, au pied de la Montagne Sainte-Victoire.
Baigné dès son plus jeune âge dans une atmosphère épicurienne, où le vin tient une place de choix, comme source de plaisir et objet de culture, c’est en Californie qu’il va commencer à vraiment s’y intéresser par lui-même. Lui qui s’imaginait dans une vie de « cow-boy » dans les grands espaces décide finalement de suivre des cours d’agronomie et d’œnologie à l’université de Davis. Mais c’est bien de la France et de ses vignobles qu’il rêve déjà… Peter revient dès le milieu des années 1980, et décide de réinvestir une vieille bastide du 17ème siècle, depuis longtemps propriété de sa famille, autour de laquelle la vigne a remplacé depuis longtemps la culture traditionnelle du lavandin.
Nous sommes ici à une trentaine de kilomètres au Nord d’Aix en Provence dans ce que Peter Fischer qualifie lui-même de « Provence dure ». En effet, la présence au Sud de la Montagne Sainte-Victoire limite grandement les influences méditerranéennes : le terroir, au climat plus continental, est marqué par de très fortes amplitudes thermiques, avec des hivers très rigoureux et des étés très chauds et secs.
Peter va patiemment réhabiliter le vignoble, laissé plus ou moins en jachère, et se lancer dans une vaste entreprise de replantation, pour porter aujourd’hui le domaine à une trentaine d’hectares. Mais au fil des années, Peter va surtout abandonner une vision un peu « technique » du vin, apprise en Californie, pour se concentrer sur la compréhension de ce terroir sauvage, dont il perçoit vite qu’il ne se donnera pas facilement.
Dès 1990, il convertit le vignoble à la culture biologique, travaille régulièrement les sols, pratique l’enherbement en hiver, limite drastiquement les intrants à quelques rares amendements de compost organique… Au fil des années, Peter a su capter et retranscrire dans le vin l’identité singulière de ce terroir : la position d’altitude, entre 350 et 400 mètres, apporte une certaine fraîcheur qu’il cherche absolument à préserver, tandis que les sols, pauvres en argiles, caillouteux et calcaires, transmettent une minéralité épicée qui structure et affine les vins.
Peter se tient bien loin aujourd’hui de toutes les modes qui sévissent dans ce coin de Provence, en particulier celles des vins rosés à tout va : pour reprendre ses mots, les « vins haribo » ne l’intéressent pas, il préfère poursuivre ce noble objectif d’élaborer de grands vins de terroir, de garde et de gastronomie. Il n’en dévie pas, affinant sans cesse son approche et son style et livre aujourd’hui avec son « Grand Blanc » un des vins les plus complexes, à la fois voluptueux et raffiné, que l’on trouve dans le Sud. Assemblage original faisant la part belle au chardonnay et à la roussanne, le Grand Blanc 2016 est de l’avis de la RVF le « plus beau millésime de cette cuvée »… Nous en sommes également convaincus !
Ce Grand Blanc 2016, taillé pour la garde, est profondément ancré dans son terroir sauvage et nous offre un véritable kaléidoscope de sensations : solaire mais frais, gorgé de fruits mais aussi tendu par sa trame minérale incisive, gourmand mais exigeant, voici un des blancs du Sud les plus complexes et racés du millésime !