Quiconque a pu discuter au moins une fois avec Patrick Baudouin comprend très vite pourquoi cet Angevin de naissance est devenu l’un des meilleurs ambassadeurs du chenin et des grands terroirs de l’Anjou Noir. Sa connaissance à la fois intime et encyclopédique de ce cépage, véritable « passeur de terroir » trop longtemps sous-estimé, sa passion pour l’histoire des terroirs et de la viticulture sur les rives du Layon, son désir inextinguible de partager ses découvertes et ses expériences, sa quête d’un vin authentique, ancré dans un environnement, une histoire et un millésime, tout fait de lui une figure absolument incontournable pour celles et ceux qui veulent découvrir et se régaler des expressions du chenin angevin, en sec comme en liquoreux.
L’histoire ne coulait pourtant pas de source : c’est à Paris que commence la vie professionnelle de Patrick, qui exerce alors plusieurs métiers dans les années 1980, dont celui de libraire. Pourtant, en 1990, l’appel de ses racines se fait plus fort et Patrick décide de retourner « au pays ». Il s’installe alors à Chaudefonds, au pied du magnifique cirque formé par les coteaux de Princé autour d’une boucle du Layon, là où ses arrière grands-parents cultivaient déjà la vigne dans les années 1920. Du vignoble familial, il ne reste pourtant pas grand-chose : à peine 1 hectare de chenin et surtout des coteaux en friche... Mais Patrick le sait : la qualité exceptionnelle de ces terroirs de schistes, aux sols limoneux mêlant résidus volcaniques, grés, quartz, houille... est bien là et ne demande qu’à être révélée à nouveau !
Patrick se lance alors, avec toute son énergie, dans d’importants travaux de valorisation de ces coteaux : travail des sols, replantations, adoption de méthodes culturales biologiques, acquisition de nouvelles parcelles, en particulier sur les terroirs de Savennières. En parallèle, il rénove puis agrandit la cave, construite par ses aïeux en 1910. Car Patrick poursuit un autre objectif : celui de redonner, par des vinifications extrêmement précises mais totalement naturelles, toute la noblesse des blancs d’Anjou issus du chenin.
A commencer par les fameux Coteaux-du-Layon moelleux, que la généralisation de la chaptalisation (ajout de sucre), pratiquée massivement ici depuis trop longtemps, a malheureusement fait tomber de leur piédestal. Patrcik Baudouin décide d’emblée de revenir aux fondamentaux : les moelleux et liquoreux ne doivent exister que si les conditions du millésime ont permis au chenin d’atteindre la concentration nécessaire, et, mieux encore, si le botrytis a pu se développer. Finie la chaptalisation, terminé le levurage, place à de grands moelleux « naturels » que le vigneron se contente d’accompagner dans leur élevage avec le plus grand soin.
En toute logique, chaque millésime ne permettant pas de produire ces « vrais » moelleux, Patrick s’initie parallèlement à la vinification du chenin en sec. Dès lors, il n’aura de cesse d’échanger avec une poignée de confrères angevins, passionnés comme lui, mais aussi avec quelques figures tutélaires du vignoble français, comme François Raveneau. En suivant cette quête qui l’anime toujours autant aujourd’hui : trouver l’expression la plus pure et typique du chenin sur ces terroirs d’Anjou, tout en affirmant un style propre, tout en élégance naturelle.
En sec comme en moelleux, il nous régale sur ce beau millésime 2015 avec des blancs radieux, sans artifice, des vins toujours frais, élastiques et toniques en bouche, mariant comme rarement le croquant du fruit et la haute intensité minérale que leur confèrent leurs terroirs d’origine… à condition que l’on sache les révéler.
Nous sommes conquis !
Voici clairement un modèle pour toute l'appellation. L'historique cuvée Les Bruandières exprime avec finesse la quintessence d'un grand chenin liquoreux : gourmandise du miel et des fruits rôtis, fraîcheur du végétal, relief acidulé et légèrement épicé en bouche. L'équilibre est parfait. Idéal sur des plats sucrés-salés ou un dessert aux fruits.
Premier millésime pour ce nouveau Savennières, issu d'une magnifique parcelle plantée par Patrick en 2009. Dès le premier nez, on tombe sous le charme de ce mariage très réussi entre finesse et sensualité. En bouche, au fruit mûr débordant d’expression répond la fraîcheur et l’énergie saline du terroir. Superbe finale, superbe réussite !
Dès le premier nez, le mariage du fruit, bien mûr, généreux, et du sol, apportant ses notes fumées, se livre à nous comme une évidence. Fruits secs, miel fin et fruits blancs pochés dominent. La bouche est ample, pleine, très juteuse et sapide, dotée d’une structure bien charpentée et d’une grosse persistance. Taillé pour la garde et pour la table.
Issu d'un terroir singulier où des résidus calcaires se mêlent aux schistes, cet Anjou La Fresnaye séduit par l'omniprésence du fruit, ses notes végétales subtiles, mais aussi cette touche acidulée et cette fine texture saline. Pur, sensuel et énergique, voici une belle démonstration de l'impeccable maîtrise de Patrick Baudouin.